Une Grèce aux banques fermées ne va pas honorer mardi un paiement de 1,5 milliard d'euros au FMI, un manquement exceptionnel que les créanciers devraient pourtant relativiser alors que des tractations semblent avoir repris à cinq jours d'un référendum crucial.
"Comment payer le FMI demain alors que les banques ont été menées à l'asphyxie?", s'est interrogé lundi soir à la télévision le Premier ministre grec Alexis Tsipras, ajoutant toutefois : "dès qu'ils décident de lever l'asphyxie, ils seront payés".
La Grèce avait normalement jusqu'à 22H00 GMT mardi pour payer, mais elle ne le fera pas, sauf miracle. Des experts du dossier confirmaient lundi qu'il n'y dans les caisses qu'à peine de quoi boucler les salaires et pensions du mois, et en tout cas plus rien pour le FMI.
Le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, ne s'est pas embarrassé de fioritures mardi, confirmant en coup de vent à des journalistes qui lui demandaient si le FMI serait payé, que "non", avant de filer vers son bureau.
Son homologue français Michel Sapin a toutefois estimé qu'un défaut grec mardi vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) serait "sans grande conséquence".
Sur la même ligne, il y a quinze jours, l'agence de notation, Standard & Poor's (S&P) avait rappelé qu'un non-paiement d'un Etat auprès de ses créanciers publics, comme le FMI, la Banque mondiale ou une banque centrale, n'est pas à proprement parler un défaut de paiement.
Il reste que c'est un évènement exceptionnel. Or, présenté ces derniers mois comme un risque terrible pour la Grèce, ce non-paiement passe désormais au second plan.
- Reprise de contacts -
Les Européens espèrent désormais un "oui" au référendum de dimanche, au cours duquel les Grecs sont invités par le gouvernement de gauche radicale à dire "non" aux dernières propositions des créanciers du pays (UE, FMI, BCE).
Ils font monter la pression sur les électeurs grecs en disant que la vraie question est un "oui" ou "non" à l'euro, auquel ils tiennent en grande majorité.
Lundi soir, Alexis Tsipras a voulu relativiser la portée du vote. Pour lui, un "non" servira seulement à ce que la Grèce soit "mieux armée" pour la suite des négociations, sous-entendant que ce "non" ne marquerait pas une rupture de ces dernières.
Si le "oui" l'emporte, il est resté évasif, mentionnant qu'il n'était pas du genre à rester Premier ministre "qu'il pleuve ou qu'il vente".
Et depuis le début, les Grecs n'excluent pas de faire changer leur recommandation de "non" en recommandation de "oui", si une proposition favorable leur est faite entretemps.
Mardi matin, Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a proposé à M. Tsipras une solution "de dernière minute", a indiqué un porte-parole à Bruxelles.
L'idée est que M. Tsipras accepte le dernier plan des créanciers daté de samedi, et s'engage à appeler les Grecs à avaliser ce texte en votant oui lors du référendum de dimanche, ce qui permettrait la tenue d'ici là d'un Eurogroupe pour acter l'accord.
Athènes n'a pas immédiatement répondu, mais annoncé avoir eu dans la matinée des contacts avec M. Juncker, le président de la BCE Mario Draghi et celui du Parlement européen Martin Schulz.
En revanche, la chancelière allemande Angela Merkel a assuré peu après ne pas être au courant d'une nouvelle offre européenne.
L'étouffement financier de la Grèce a été précipité par l'interruption des discussions entre Athènes et ses créanciers vendredi soir, quand Alexis Tsipras avait créé la surprise en annonçant l'organisation d'un referendum.
Les créanciers ont d'abord fortement réagi en refusant la demande d'Athènes pour l'extension d'un mois du programme d'assistance, poussant le gouvernement à imposer un contrôle des capitaux dans le pays, sauf pour les étrangers.
Cette décision a entraîné une nouvelle dégradation des notes de la Grèce et de ses banques par les agences de notation.
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