Pierre Moscovici et François Baroin ont été écoutés par les services secrets américains lorsqu'ils étaient au ministère de l'Economie et des Finances, selon plusieurs documents obtenus par Wikileaks et rendus publics lundi soir par Libération et Mediapart.
Mediapart assure que la NSA (National Security Agency) s'est livrée à un "espionnage économique massif de la France" et cite cinq synthèses d'interceptions téléphoniques rendues publiques par Wikileaks.
Le site d'information s'interroge sur certains "contrats commerciaux perdus par les entreprises françaises", sans pouvoir faire de "lien objectif" entre une potentielle écoute et l'issue du contrat "puisqu'aucun nom de société n'est cité dans ces documents".
"Plusieurs personnalités politiques et hauts fonctionnaires français ont été écoutés ces dernières années", assurent les deux médias, citant Pierre Moscovici, ministre de l'Economie de mai 2012 à août 2014, et François Baroin, ministre du Budget de mars 2010 à novembre 2011.
Mediapart cite notamment une écoute de juillet 2012 de Pierre Moscovici, alors récent ministre de l'Economie, avec le sénateur PS du Doubs Martial Bourquin, destinée à mieux comprendre ses intentions.
Si le sénateur maire d'Audincourt (Doubs) s'est déclaré "outré, ébahi, pantois, assommé", jugeant cela "absolument scandaleux", l'ex-ministre, joint par Mediapart, s'est dit également "profondément choqué" que deux élus d'un même parti ne puissent dialoguer sans être écoutés par la NSA.
L'agence de renseignement américaine avait ciblé "une centaines d'entreprises hexagonales, dont la quasi-totalité de celles cotées au CAC40", assure Libération.
Cet espionnage a pu "aller du simple vols des plans d'étude au pillage de données technologiques confidentielles", mais ce sont surtout "les renseignements sur les appels d'offre impliquant des entreprises américaines" qui intéressait la NSA.
Selon les fac-similés publiés par les sites d'information, l'objet de cet espionnage était de "rapporter toute proposition de contrats français ou d'études de faisabilité et de négociations imminents concernant des ventes ou des investissements internationaux dans des projets d'envergure ou des systèmes d'intérêt significatif pour le pays étranger hôte, ou 200 millions de dollars ou davantage en ventes et ou en services, comprenant le financement d'informations ou de projets de haut intérêt".
"Jamais la preuve d'un espionnage économique massif de la France, orchestré au plus haut niveau de l'Etat américain, n'avait été établie aussi clairement", estime encore Libération.
Les deux médias n'apportent cependant pas de preuve des conséquences de ces écoutes sur des contrats commerciaux ou des négociations qui ont pu se dérouler. Seul Mediapart propose de "revisiter" des "récits de contrats commerciaux perdus par les entreprises françaises".
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