A six jours d'un référendum à hauts risques, les Européens ont lancé lundi la bataille du "oui", tentant de convaincre les Grecs de ne pas tourner le dos à l'euro au moment où le pays, au bord du gouffre financier, a dû fermer ses banques.
Dans la soirée, Alexis Tsipras a cependant tenté d'apaiser le débat en présentant le référendum comme une étape, importante certes, des négociations. Sur le même mode, il a fait comprendre que la Grèce ne paierait pas mardi le 1,5 milliard d'euros qu'elle doit au FMI, mais faute d'argent, pas faute de bonne volonté.
"Un +non+ voudrait dire () que la Grèce dit +non+ à l'Europe", avait lancé à Bruxelles le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, critiquant très vivement le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras et se disant "trahi" par la Grèce.
"Je demanderai aux Grecs de voter oui", a-t-il dit, "parce que les Grecs fiers d'eux-mêmes et de leur pays doivent dire oui à l'Europe".
Comme lui, plusieurs dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, ont fait le pari du "oui" aux propositions des créanciers, liant le résultat du vote de dimanche au maintien ou non de la Grèce dans la zone euro.
Car depuis samedi, la crise qui oppose le gouvernement grec à ses créanciers, Union européenne et Fonds monétaire international, a pris une tournure dramatique et inédite dans l'histoire de l'union monétaire.
Réagissant à l'annonce surprise par Alexis Tsipras d'un référendum le 5 juillet sur le plan d'aide financière proposé par les créanciers en échange d'une série de réformes, la zone euro a décidé de ne pas prolonger l'assistance à Athènes, rendant la Grèce responsable de la rupture des négociations.
Le pays, dont les caisses sont vides, risque le scenario noir d'une sortie de l'euro, le "Grexit" redouté par toute l'Europe.
Pour préserver le pays d'un effondrement bancaire, le gouvernement grec a d'ailleurs décidé de verrouiller le secteur financier et mis en place un contrôle des capitaux. Les banques et la Bourse resteront fermées jusqu'au 7 juillet, des mesures d'exception qui ont déstabilisé les Bourses mondiales sans toutefois les faire paniquer.
Paris a terminé la séance en baisse de 3,74%, Francfort a perdu 3,56% et Londres 1,97%.
Malgré tout, les portes ne semblaient pas définitivement fermées lundi. Dans une conversation téléphonique, François Hollande et le président américain Barack Obama sont tombés d'accord "pour favoriser une reprise des discussions" sur la crise grecque.
Angela Merkel s´est dite aussi prête à de nouvelles négociations avec la Grèce "après le référendum". "Je continue de répéter que de notre côté, la porte est encore ouverte", a lancé le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem.
Du coup, M. Tsipras s'est lui aussi montré désireux de continuer, et de maintenir son pays dans l'euro.
"Notre choix est de rester dans l'euro () le message (aux créanciers) est que le gouvernement grec va continuer de se trouver à la table des négociations au lendemain du referendum", a-t-il assuré lors d'un entretien d'une heure à la télévision publique Ert.
-- Mieux armé --
Pour Alexis Tsipras, si le "non" l'emporte, cela signifierait simplement que le gouvernement serait "mieux armé pour renégocier avec les créanciers".
M. Tsipras a assuré que de toute façon, le gouvernement allait "respecter le verdict du peuple grec". Il a laissé planer le doute sur son attitude en cas de victoire du "oui", indiquant simplement qu'il n'était pas du genre à "rester en place qu'il pleuve ou qu'il vente".
Il a par ailleurs fait clairement comprendre que le FMI ne serait pas payé mardi : "Est-ce possible que les créanciers attendent le paiement du FMI alors qu'ils ont imposé l'asphyxie aux banques?" s'est-il interrogé. Tout en assurant : "dès qu'ils auront décidé de lever l'asphyxie, ils seront payés".
La réaction qu'apporterait le FMI à ce défaut de paiement, normalement vu comme gravissime, risquait de donner le ton mardi de la suite des discussions.
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