Deux dirigeants d'Uber ont été placés en garde à vue lundi à Paris, dans le cadre d'une enquête sur l'application mobile controversée UberPOP, suscitant la satisfaction des taxis en conflit ouvert avec le groupe américain et sa filiale française.
Les deux dirigeants d'Uber ont été placés en garde à vue par la police judiciaire parisienne, ont affirmé à l'AFP des sources judiciaires et proches du dossier, confirmant une information d'iTÉLÉ.
Uber a précisé dans un communiqué que son directeur général, Thibaud Simphal, et son directeur pour l'Europe de l'Ouest, Pierre-Dimitri Gore-Coty, s'étaient "spontanément rendus à la brigade d'enquête sur les fraudes aux technologies de l'information".
Les deux dirigeants devaient être entendus "dans le cadre d'une procédure datant de plusieurs mois" et ont "tous deux été placés en garde à vue", a ajouté Uber.
L'enquête, ouverte le 27 novembre 2014, vise l'application pour smartphones UberPOP, au titre d'une présumée "organisation illégale" de mise en relation de clients avec des particuliers pour les transporter contre rémunération mais sans s'acquitter de charges sociales.
Ce service relève d'une activité illégale, visée par la loi Thévenoud du 1er octobre 2014, qui a renforcé les sanctions. C'est contre cette activité que les taxis ont protesté jeudi, lors de blocages parfois émaillés de violence, provoquant de gros embouteillages, notamment autour de Paris.
Dans cette enquête, le siège parisien d'Uber France avait été perquisitionné en mars. De la documentation, des téléphones portables et des ordinateurs avaient alors été saisis.
L'enquête vise aussi des faits présumés de "conservation illégale de données à caractère personnel au-delà de la durée prévue préalablement à la mise en ?uvre du traitement", a précisé la source judiciaire à l'AFP. Ce volet porte sur la collecte des données des clients et de possibles infractions à la loi informatique et libertés de 1978.
Uber conteste depuis plusieurs mois la loi Thévenoud qui encadre l'activité des voitures de transport avec chauffeur (VTC), et surtout interdit l'application UberPOP. La maison-mère américaine a déposé deux plaintes contre la France auprès de la Commission européenne, afin d'obtenir l'annulation de cette loi.
- "Pas au-dessus des lois" -
L'annonce du placement en garde à vue des deux dirigeants d'Uber a été accueillie favorablement par les représentants des taxis, qui s'étaient mobilisés jeudi contre UberPOP.
"On est bien content que l?État cherche à savoir si les lois républicaines sont bien appliquées", a déclaré à l'AFP Didier Hogrel, président de la Fédération nationale du taxi (FNDT), estimant qu'"une action comme celle-là montre la bonne volonté du gouvernement et de la justice".
"Au-delà des déclarations d'intention, nous demandons le retrait de l'application" UberPOP et qu'elle soit "purement et simplement interdite", a-t-il ajouté.
Le président de l'Union nationale des taxis (UNT), Alain Griset, a même souhaité que les dirigeants d'Uber "soient condamnés", dénonçant "une incitation industrielle au travail dissimulé".
"Ils ne sont pas au-dessus des lois, il faut qu'ils comprennent que la loi s'applique à tout le monde", a-t-il insisté.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait déjà qualifié jeudi UberPOP de "service illégal (qui) doit être fermé", tout en reconnaissant que seule la justice pouvait prononcer une telle fermeture.
Tous les comités opérationnels départementaux antifraude (Codaf) devaient se réunir ce lundi sous l'autorité des préfets et des procureurs "pour mettre en place toutes les mesures permettant de réprimer l'exercice illégal de la profession de taxi", avait-il annoncé.
La préfecture de police de Paris a d'ores et déjà reçu samedi le renfort de 200 policiers pour épauler les 80 fonctionnaires de la brigade des "Boers" en charge des taxis parisiens.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.