Les familles des 34 mineurs tués dans la fusillade policière de Marikana en 2012 et de leurs 300 collègues blessés, très déçues par le rapport de la commission d'enquête, vont aller en justice pour obtenir un dédommagement, a indiqué lundi l'un de leurs avocats.
"Nous avons jusqu'au 16 août pour déposer une plainte au civil contre l'Etat et nous allons le faire", a déclaré Dali Mpofu, l'avocat des grévistes blessés lorsque la police a réprimé un rassemblement de mineurs en grève pour arracher des hausses de salaires près de Rustenburg (nord).
"Nous allons voir si nous engageons d'autres poursuites individuelles contre ceux que la Commission d'enquête a exonéré", a-t-il ajouté, faisant allusion aux ministres de la Police et des Mines de l'époque, Nathi Mthetwa et Susan Shabangu, ainsi qu'à l'actuel vice-président de l'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa.
Ce dernier était alors membre du conseil d'administration de Lonmin, l'entreprise britannique employant les grévistes. Haut dirigeant de l'ANC --le parti au pouvoir--, il est soupçonné d'avoir exercé des pressions pour que la police casse la grève.
"Mes clients m'ont donné comme mandat d'explorer toutes les options, y compris de saisir la Cour pénale internationale (CPI). Il va falloir regarder et jouer notre rôle de conseil", a ajouté M. Mpofu, qui participait à un débat radiophonique retransmis par l'agence EWN.
Durant le débat, le syndicat national des mineurs NUM et son rival radical Amcu se sont à nouveau mutuellement rejetés la responsabilité du drame.
Le rapport de la Commission d'enquête, publié la semaine dernière après près de trois ans d'attente, a fait en revanche l'unanimité contre lui, ne trouvant grâce qu'aux yeux du NUM, parce qu'il charge principalement les policiers et exonère tous les responsables politiques.
La Commission était "une mascarade dès lors qu'elle avait le droit d'enquêter, excepté sur les responsabilités gouvernementales", a fustigé Zwelinzima Vavi, l'ex-secrétaire général de la confédération syndicale Cosatu, en réclamant une commission d'enquête bis.
Le rapport fait aussi l'impasse selon lui sur les "raisons sous-jacentes" du drame, le fait que les mineurs "payés des cacahuètes" étaient "lourdement endettés" et que le NUM refusait de rouvrir des négociations et de faire valoir leurs revendications salariales auprès de Lonmin.
La grève sauvage "a été un réquisitoire contre les syndicats", a-t-il dit, et "on ne va pas résoudre le problème en se débarrassant de deux personnes".
La chef de la police Riah Phyiega devrait assez rapidement être limogée après une procédure disciplinaire, ainsi que l'a recommandé la Commission d'enquête, qui blâme aussi une de ses collègues, récemment mise à la retraite.
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