La France, qui veut manifestement jouer le rôle de facilitateur entre la Grèce et le camp des durs en Europe, a laissé lundi la porte ouverte à une reprise du dialogue avec Athènes, se disant "toujours disponible" pour des discussions, alors que le couperet menace de tomber sur l'économie grecque.
La France est "toujours disponible" pour que le dialogue reprenne "aujourd'hui" ou "demain," a lancé François Hollande sur le perron de l?Élysée. Il venait de réunir pendant près d'une heure un "conseil restreint" sur la Grèce avec notamment le Premier ministre Manuel Valls et les ministres des Finances et de l?Économie, Michel Sapin et Emmanuel Macron.
S'il a "regretté" la décision grecque de rompre les négociations, le chef de l?État français a ménagé les susceptibilités. Le référendum qui se tiendra dimanche en Grèce relève du "choix souverain" d'Athènes, de "la démocratie" et du "droit du peuple grec", a-t-il souligné.
François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont manifestement accordé leurs violons lors d'un nouvel entretien téléphonique dimanche. La chancelière est "évidemment disposée" à une reprise des discussions avec son homologue grec Alexis Tsipras "s'il le souhaite", a ainsi assuré Berlin à la mi-journée.
Selon un scénario aussi idéal, du moins aux yeux de Paris, qu'improbable, le gouvernement grec, finalement convaincu par les propositions des "institutions" (FMI, BCE et UE), reviendrait à la table des négociations avec deux options: renoncer au référendum de dimanche ou appeler les Grecs à voter en faveur du plan de sauvetage européen.
Mais le temps presse. La Grèce ne dispose plus que de "quelques heures" pour renouer le dialogue avec ses créanciers européens, du FMI ou de la BCE, a prévenu François Hollande lui-même. Après, il sera sans doute trop tard.
Le programme d'assistance que les ministres des Finances de la zone euro ont refusé de prolonger samedi après l'annonce surprise du référendum arrive à échéance mardi. Et la Grèce affronte le risque imminent d'un défaut de paiement car il est peu probable qu'elle dispose de la somme de 1,5 milliard d'euros due au FMI à cette date.
Dans ces conditions, la perspective d'un "grexit", une sortie de la Grèce de la zone euro, se précise.
- Empathie plutôt dans l'expression -
Le soutien de la France à la Grèce est cependant loin d'être inconditionnel. Samedi, au cours de la réunion de crise des ministres de la zone euro, "la France a montré plus d'empathie (avec la Grèce) dans l'expression que sur le fond car il n'y avait pas grand-chose à faire pour les Grecs", observe une source européenne.
Et après avoir été à Bruxelles "la seule dans la pièce à se prononcer pour la poursuite du programme d'aide" à Athènes, elle s'est finalement ralliée à l'avis général qui était d'y mettre fin, ajoute-t-elle.
Comme les autres, à commencer par les négociateurs grecs qui ont appris la décision de leur Premier ministre par un tweet, la France a été prise de court par le recours au référendum alors qu'elle considérait qu'un accord était à portée de main. Une date avait été même avancée, à l'automne, pour ouvrir les discussions sur le c?ur du problème, la renégociation du service de la dette grecque, aussi colossale qu'insoutenable.
Pour Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la France joue les "équilibristes" et peut endosser un "rôle d'intermédiaire" même si elle s'est ralliée à l'ultimatum lancé samedi à la Grèce par la zone euro.
"Équilibriste", François Hollande l'était déjà fin janvier, dans les jours qui avaient suivi l'arrivée de la gauche radicale au pouvoir à Athènes. S'il avait invité son leader Alexis Tsipras "à se rendre rapidement à Paris", le chef de l?État français avait prévenu: la Grèce a pris des "engagements" à l'égard de ses créancier, dont la France, et ils doivent "être tenus".
Et dans son rôle d?intermédiaire avec le camp des faucons, il avait suggéré quelques jours plus tard au nouveau Premier ministre grec de se rendre à Berlin pour y rencontrer Angela Merkel, assurant qu'elle le recevrait.
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