Elle grimpe d'un pas alerte les marches du théâtre lyonnais des Nuits de Fourvière, où elle donnera lundi la première de sa tournée mondiale d'adieux. A 50 ans, Sylvie Guillem revient sur ses 39 années de carrière et sur l'après dans un entretien à l'AFP.
QUESTION: Vous dites que vous avez de plus en plus le trac et de doute, est-ce une des raisons qui vous a poussé à arrêter?
REPONSE: "Non, c'est quelque chose qui arrive avec l'expérience malheureusement, mais plus il y a de trac et de doute et plus il y a de plaisir. Sur scène, on a besoin de ça. Il fallait un jour s'arrêter et je voulais que ce soit de manière assez nette. J'ai peut-être l'impression que ce sera moins douloureux (). Je savais depuis longtemps qu'il fallait qu'un jour je prenne la décision et je voulais que ce soit ma décision, pas celle du temps, du fait de ne plus pouvoir et d'avoir trop mal partout () Et puis, 50 ans, ce n'est pas trop tôt pour une danseuse".
Q: Cela vous fait peur?
R : "Oui bien sûr! Ma vie depuis l'âge de 11 ans, c'est les répétitions, les spectacles, les voyages. Manger et dormir, c'est la seule chose qui va me rester. Donc, il va falloir que je regarde la vie différemment, j'espère avec sérénité et sans trop de peine".
Q: Qu'allez-vous regretter le plus?
R: "Ca, la scène! C'est ce qui m'a décidée dans cette carrière à 11 ans (). Il y a une rencontre avec le spectateur qu'il ne faut absolument pas rater (). Il y a une façon de se voir faire les choses, de ne plus penser à rien. On se sent de manière très différente sur scène, c'est un endroit extraordinaire!"
Q: Comment s'arrête-t-on du jour au lendemain quand pendant 40 ans, on a fait travailler son corps quotidiennement?
R: "On ne s'arrête pas justement! Je pensais pouvoir me passer des exercices et de la barre car c'est ce qui m'ennuyait le plus dans ce métier () mais je sais qu'il va falloir que je le fasse pendant plusieurs années pour déshabituer le corps. Je vais essayer de changer de manière de bouger, je voudrais me lancer dans la méditation, le taï-chi, le tir à l'arc"
Q: Vous êtes considérée comme une rebelle. Est-ce votre vraie personnalité ou une manière de gérer votre carrière?
R: "Je n'ai jamais eu de plan. Je n'ai jamais rêvé d'être danseuse () J'ai pris la décision de faire ce métier car je savais qu'il y avait des choses qui m'intéresseraient. Donc, il n'était pas question que j'agisse en fonction de ce que les autres me demandaient de faire, mais plutôt ce qui me semblait juste de faire () et ce qui me semblait pas juste, il m'était impossible de le faire (). Ce n'était pas une façon d'être pour attirer l'attention. Les décisions que j'ai prises ont été difficiles: il n'y a pas beaucoup de gens qui sont partis de l'Opéra et ont décidé à 24 ans de laisser cette grande maison, cette réputation, ce confort, pour aller dans la jungle".
Q : Vous vous mobilisez pour des causes environnementales comme Sea Shepherd contre le massacre des phoques ou Kokopelli, qui promeut les semences anciennes
R: "Je pense que la plus grosse crise qui va avoir lieu ne sera pas économique, mais écologique et on en est tous responsables. () J'ai retrouvé une passion chez ces gens-là et une philosophie qui m'a convenu () Des associations comme Sea Shepherd ou Kokopelli, ce sont des gens extrêmement courageux qui se battent contre des multinationales. Ils sont tout petits mais extrêmement motivés et on a besoin d'eux. En faire partie c'est primordial".
(propos recueillis par Nicole DESHAYES)
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