L'explosion dimanche de la fusée Falcon 9 de SpaceX peu après son lancement depuis Cap Canaveral en Floride est un revers pour la société californienne, après une longue série de succès, qui sera exploité par ses concurrents et un autre coup dur pour le fonctionnement de la Station spatiale internationale (ISS), ont jugé des experts.
Il s'agit du troisième échec en huit mois des livraisons de provisions et de matériel scientifique à l'avant-poste orbital. A l'explosion de la fusée Antares de la firme américaine Orbital Science en octobre dernier avait succédé la perte du Progress russe fin avril.
"C'est un mauvais coup pour nous car nous avons perdu beaucoup d'équipement important de recherche sur ce vol", a déploré le responsable de l'exploration spatiale habitée de la Nasa William Gerstenmaier lors d'une conférence de presse, tout en assurant que l'équipage de trois membres actuellement ne courait aucun risque.
Trois échecs de lancement avec des lanceurs de différentes sociétés "montrent la difficulté technique des vols spatiaux", a-t-il dit.
Pour SpaceX, c'est le premier accident de sa fusée Falcon 9 après 18 vols réussis, dont six sur douze prévus pour livrer du fret à l'ISS dans le cadre d'un contrat de 1,6 milliard de dollars avec la Nasa.
"Cet échec rend SpaceX plus normal dans un sens car toutes les autres sociétés de lancement ont eu des accidents", a commenté John Logsdon, l'ancien directeur du Space Policy Institute à Washington.
Mais selon lui, on ne peut pas encore parler "de revers majeur" car un tel échec fait partie du risque des activités de lancement".
Il a jugé prématuré de parler "d'impact sur les futures activités de SpaceX" qui, avec Boeing, a été retenue par la Nasa pour transporter des astronautes à l'ISS en 2017.
"Nous ignorons à ce stade la cause de ce dysfonctionnement", a-t-il relevé dans un entretien avec l'AFP. Il prédit que SpaceX aura probablement déterminé la cause de l'accident dans les prochaines semaines et que Falcon 9 pourrait de nouveau voler d'ici la fin de l'année.
- Échecs courants -
Même analyse de Mike Gruntman, professeur d'astronautique à l'Université de Californie, un expert en matière d'accident de véhicules spatiaux.
Jugeant "exceptionnel" jusqu'alors les performances de SpaceX dans les vols spatiaux, il a estimé que "ce type d'échec est assez courant pour cette industrie et devrait être attendu à ce stade".
"Le fait que SpaceX ait eu avant cela aussi peu de problèmes était inhabituel", a estimé le professeur Gruntman. Quand ils auront trouvé la cause de cet accident et l'auront résolue "la société pourra poursuivre ses activités", prédit-il.
Pour Greg Autry, professeur à l'Ecole de gestion de l'Université de Californie, un expert du marché des vols spatiaux commerciaux, cet accident va être du pain bénit pour les concurrents de SpaceX.
"SpaceX a un excellent palmarès pour une start-up et est parvenue pratiquement à s'établir comme un véritable compétiteur dans l'espace", a-t-il dit, défiant Arianespace - la firme française leader mondial sur le marché du lancement des satellites commerciaux - et United Launch Alliance (ULA) - qui domine la mise sur orbite des satellites militaire américain.
Mais avec cet accident, la firme fondée par Elon Musk en 2002 "est désormais dans le collimateur", surtout au moment où elle vient de remporter une dure bataille pour obtenir la certification de l'US Air Force lui permettant de lancer des satellites militaires américains.
SpaceX affirme pouvoir lancer des satellites pour le Pentagone avec Falcon 9 pour 60 millions dollars, soit 50 millions de moins qu'avec ULA, une société conjointe de Boeing et de Lockheed Martin. Leurs lanceurs (Atlas 5 et Delta 4) ont eu 83 lancements d'affilés sans échec.
- Secteur privé dans l'espace -
Selon Greg Autry, le revers de SpaceX pourrait donner des arguments à certains au Congrès américain hostiles au fait d'utiliser des fonds publics pour financer des sociétés privées comme SpaceX pour transporter des astronautes à l'ISS.
Récemment le Congrès à majorité républicaine a réduit de plus de 300 millions de dollars le budget annuel demandé par l'administration Obama pour le développement du transport d'astronautes par le secteur privé.
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