Une sortie de la Grèce de la zone euro aurait des "conséquences catastrophiques" pour les Grecs mais très "peu d'impact direct à court terme" pour les Français, le risque visant des pays plus fragiles, estimaient dimanche des économistes.
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé dimanche qu'elle continuait de fournir des liquidités aux banques grecques, laissant de facto la porte ouverte à une solution politique pour éviter l'effondrement de l'économie grecque et le "Grexit".
En cas d'abandon de l'euro, Athènes ne pourrait plus payer ses créances contractées dans la devise européenne.
Mais l'économie grecque n'est "pas assez importante pour avoir un effet direct" sur celle de la France, rassure Fabien Tripier, professeur d'économie à l'Université Lille 1.
Les relations commerciales ne sont pas assez développées et le système financier grec est, selon lui, maintenant assez indépendant du système financier des autres pays européens.
Des propos en harmonie avec la sérénité du chef du gouvernement français Manuel Valls qui a affirmé dans la matinée qu'"une sortie de la Grèce serait grave pour le peuple grec, mais l'économie française ne serait en revanche pas affectée".
Le calme semble donc de mise. "Il ne faudra pas augmenter les impôts demain pour compenser ce que la Grèce ne pourra pas rembourser", souligne M. Tripier, les créances étant très étalées dans le temps.
Si la Grèce est en défaut de paiement, c'est à dire si elle ne peut plus régler ses échéances de dette, "ça ne veut pas dire qu'on va demander un chèque aux Français la semaine prochaine", confirme de son côté Agnès Benassy-Quéré, économiste à l'Ecole d'économie de Paris. "Il n'y aura "pas d'impact à court terme pour les Français".
L'engagement total des Français vis-à-vis de la Grèce est "de l'ordre de 1.000 euros" par personne, rappellent ces économistes.
Il s'agira "plus d'une perte sur les intérêts qu'une perte sur le principal" et comme les intérêts sont faibles, "la perte est faible", selon Mme Bénassy.
- IMPACT SUR LE BUDGET DE L'ETAT -
Le seul effet négatif qui pourrait intervenir dans les prochains "jours ou semaines", selon M. Tripier, est "un risque d'augmentation des taux d'intérêt sur les dettes souveraines" des Etats de la zone euro. Ce qui entraînerait "des pertes sur le budget de l'Etat". Car la France, dont la dette publique dépasse déjà les 2.000 milliards d'euros, paierait davantage pour emprunter de l'argent sur les marchés.
Comme le niveau des taux d'emprunt entre en compte dans ses prévisions budgétaires, une hausse de ces taux "peut rendre difficile les engagements de la France" sur le plan de la réduction du déficit, prévient M. Tripier.
Toute la question est de savoir l'ampleur de la hausse des taux d'emprunt que provoquerait un "Grexit".
M. Tripier estime qu'un Grexit pousserait les marchés à intégrer une prime de risque de sortie de la zone euro dans les taux d'intérêts. Après un "Grexit", "émettre de la dette en euro ne signifiera plus que cette dette restera toujours celle d'un Etat de la zone euro", ce qui fera apparaître "un risque de dépréciation de la valeur de cette dette".
Pour les plus optimistes, comme Mme Bénassy ou la Commission européenne, les différents mécanismes mis en place depuis 2010 et la politique monétaire de la BCE (Banque centrale européenne) suffiront à limiter la hausse et "faire face à la défiance des marchés".
Si la France semble économiquement épargnée par un défaut de paiement de la Grèce, d'autres pays peuvent se faire plus de soucis.
A commencer par la Grèce elle-même qui va vers "une situation de catastrophe économique", s'alarme M. Tripier.
"Le risque" vise aussi "des pays jugés plus fragiles comme l'Espagne et le Portugal", estime Mme Bénassy.
Mais un Grexit affaiblirait aussi politiquement la zone euro : "à la prochaine crise économique, politique, sanitaire ou de sécurité, elle abordera cet épisode de manière plus fragile".
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