Les gouverneurs de la BCE devaient décider dimanche s?ils maintiennent les banques grecques sous perfusion, mais malgré les pressions politiques l'espoir de les voir intervenir pour éviter l'effondrement du système bancaire et de l'économie grecque était mince.
Les 25 membres du conseil des gouverneurs, qui tiennent leur conférence sans doute par téléphone, pourraient couper le robinet du financement des banques hellènes, pour lequel les conditions ne sont plus réunies depuis que les Européens ont décidé samedi, après cinq mois de négociations infructueuses, de laisser expirer mardi 30 juin le programme d'aide dont bénéficiait la Grèce.
Tout en reconnaissant son indépendance, le Premier ministre français Manuel Valls a appelé l'institution à ne pas "couper les vivres" de la Grèce et à "prendre ses responsabilités" en apportant "un soutien financier dans les jours qui viennent" à Athènes.
Sinon c'est la panique bancaire qui guette, et derrière elle se profile le risque du défaut de paiement de la Grèce, d'une catastrophe humanitaire et sociale dans le pays et de sa sortie de l'euro.
Les responsable européens s'employaient à rassurer sur ce point. Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a assuré qu'Athènes restait membre du bloc monétaire, selon son homologue français Michel Sapin c'est "son destin".
- suspendre ELA? -
Des propos de leur confrère autrichien Hans Jörg Schelling rapportés par la presse sur le caractère inévitable d'un "Grexit" ont été démentis ensuite à Vienne.
Mais du point de vue de la BCE, "il n'y a aucune raison de remettre de l'argent" après l'échec de négociations entre la Grèce et ses créanciers à Bruxelles samedi, a commenté une source proche des négociations, "la BCE va suspendre ELA demain, c'est clair".
Les prêts d'urgence ELA sont la bouée de sauvetage des banques grecques, coupées des financements normaux de la BCE depuis février. Les conditions de leur attribution, un programme d'aide et la solvabilité des banques, ne sont plus remplies. Pour laisser un petit répit à la Grèce, le conseil des gouverneurs pourrait théoriquement seulement durcir les conditions d'ELA, sans y mettre fin. Mais pour beaucoup de banquiers centraux, cela constituerait une entorse inacceptable aux règles de l'institution.
Depuis samedi, des files d'attente se sont formées devant les distributeurs en Grèce, et le rythme des retraits, déjà soutenu ces dernières semaines, s'est accéléré, alors que les Grecs anticipent le pire.
Les coffres des banques vont à ce rythme se retrouver très vite vides et, sans soutien de la BCE, le financement de toute l'économie coupé, ainsi que celui de l'Etat aussi puisque les banques grecques étaient les seules à le refinancer, en achetant ses obligations à court terme dont personne d'autre ne veut.
L'annonce vendredi soir par le Premier ministre Alexis Tsipras qu'il soumettait à ses compatriotes par référendum la proposition d'accord mise sur la table par les créanciers la veille - qui prévoyait un renflouement contre des réformes qu'il juge inacceptables - a entraîné la cascade d'événements du weekend.
Le Parlement grec s'est prononcé samedi soir en faveur de la tenue du référendum le 5 juillet. M. Tsipras a prédit que le peuple grec dirait alors "un grand non à l'ultimatum mais en même temps un grand oui à l'Europe".
- Référendum sans objet -
Mais "d'un point de vue juridique, le référendum portera sur des propositions et des arrangements qui ne sont plus valides", a souligné la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde dans une interview télévisée dans la nuit de samedi à dimanche.
Certains entretenaient un espoir ténu de trouver un dénouement d'ici mardi, date d'expiration du programme actuel et d'une échéance de remboursement de 1,5 milliard d'euros de la Grèce au FMI. M. Valls a exhorté les Grecs à "revenir à la table des négociations" et appelé à "tout faire" pour que le pays reste dans l'euro.
A Berlin, l'opposition parlementaire en appelait à Angela Merkel. "La chancelière doit intervenir, le sort de l'Europe est entre ses mains", a plaidé le parti d'extrême gauche Die Linke.
L'attention commençait aussi à se tourner dimanche vers l'ouverture des marchés financiers lundi, où les événements du weekend pourraient déclencher à tout le moins une forte volatilité.
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