La dernière réunion entre la Grèce, menacée de défaut de paiement, et ses partenaires de la zone euro a entériné samedi la rupture entre les deux camps après l'annonce surprise par Athènes d'un référendum sur les propositions des créanciers.
Cependant, les ministres des Finances de la zone euro (l'Eurogroupe) ont promis de tout faire pour éviter "un risque de contagion", tandis que la Banque centrale européenne (BCE), vers laquelle tous les yeux sont désormais tournés, a annoncé une réunion de son conseil des gouverneurs, sans doute dimanche.
Le plan d'assistance financière dont bénéficie Athènes depuis 2012 "va prendre fin le 30 juin", a annoncé, solennel et la voix blanche, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, après une réunion, la cinquième en dix jours, des ministres des Finances des 19 pays de la zone euro particulièrement acrimonieuse.
Il a affirmé que la partie grecque avait unilatéralement rompu les négociations.
Les ministres des Finances des Etats européens partenaires de la Grèce rappelaient néanmoins, à l'instar du Français Michel Sapin, que le "destin" de ce pays était de conserver l'euro.
La zone euro va "tout faire pour éviter un risque de contagion" de la crise, a quant à lui promis le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, assurant lui aussi que la Grèce "reste membre de la zone euro."
- Risque de panique bancaire -
En fin de journée, les ministres ont affirmé qu'ils utiliseraient tous les instruments à leur disposition pour garantir la "stabilité" de la zone euro, à l'issue d'une ultime réunion qui s'est déroulée à 18, sans la Grèce, pour envisager un "plan B", synonyme d'un défaut de paiement d'Athènes : un scénario catastrophe derrière lequel se profile aussi le spectre d'un effondrement bancaire.
La Grèce risque en effet d'être en proie à une panique bancaire. Dans un pays gagné par l'anxiété, des files d'attente beaucoup plus longues que d'habitude se formaient à cet égard samedi devant les guichets automatiques.
En attendant, les conditions ne semblent plus réunies pour que l'institut monétaire de Francfort continue à maintenir à flot les banques grecques via un mécanisme de prêts qui a été prolongé jour après jour récemment, ce qui pourrait précipiter la faillite de ces établissements.
Après des mois de négociations infructueuses, les créanciers, UE et FMI, avaient soumis cette semaine à Athènes une proposition comprenant une prolongation de cinq mois du programme d'aide, avec à la clé un paquet financier de 15,5 milliards d'euros de prêts (12 des Européens, 3,5 du FMI), en contrepartie de réformes et de mesures d'économies budgétaires.
Ce plan prévoyait une aide immédiate d'1,8 milliard d'euros avant d'autres déboursements au cours de l'été.
Mais les Grecs ont fait savoir que cela ne leur convenait pas, car ils jugeaient la prolongation trop courte, le montant insuffisant et les conditions trop sévères.
Depuis des mois, leurs discussions avec les créanciers bloquent sur la réforme des retraites et celle de la TVA, mais aussi sur l'exigence d'Athènes de discuter dès maintenant d'un réaménagement de sa dette colossale, qui avoisine les 180% du PIB.
C'est sur ces dernières propositions des institutions créancières que le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé aux Grecs de se prononcer le 5 juillet via référendum. L'annonce en a été faite dans la nuit de vendredi à samedi, prenant tout le monde de court.
- 'Triste jour pour l'Europe' -
"La question qui sera posée au référendum sera de savoir si nous acceptons ou rejetons la proposition" des créanciers, a expliqué M. Tsipras. Pour permettre de tenir jusque-là, Athènes voulait une prolongation d'un mois de son programme d'aide.
A l'unisson, les 18 ministres des Finances de la zone euro ont dit "non" samedi.
Plus isolé que jamais, le ministre grec Yanis Varoufakis a promis de "continuer à se battre" pour un accord avec ses créanciers d'ici à mardi, jour de la fin du deuxième programme d'aide à la Grèce.
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