Le suspect de l'attentat en Isère a envoyé un selfie macabre avec la tête de sa victime décapitée, a-t-on appris samedi alors que les proches de l'entrepreneur se recueillaient dans une émotion muette.
Yassin Salhi, qui a causé vendredi une explosion dans une usine chimique de Saint-Quentin-Fallavier où il travaillait et où a été retrouvée la dépouille de Hervé Cornara, devrait passer 96 heures en garde à vue, durée autorisée en matière de terrorisme.
Si rien ne laisse penser qu'il ait été accompagné d'un complice vendredi sur le site de l'attentat, les enquêteurs cherchent à déterminer d'éventuelles complicités, en France comme à l'étranger.
Ce selfie a notamment été envoyé vers un numéro canadien, a-t-on appris de sources proches du dossier, même si la localisation de son contact n'est pas établie, ce numéro pouvant être un simple relais avant un rebond vers une autre destination. Rien ne permet notamment d'affirmer que ce contact se trouverait en Syrie.
Yassin Salhi avait été rapidement interpellé vendredi matin, avant d'être hospitalisé à Lyon puis placé en garde à vue dans la soirée, selon plusieurs sources.
Son épouse et sa s?ur étaient toujours gardées à vue samedi après-midi.
L'autopsie de la victime, prévue samedi, devrait permettre de savoir si la décapitation a bien eu lieu post-mortem, a indiqué une source proche du dossier.
L'épouse du chef d'entreprise assassiné l'avait vu pour la dernière fois peu après 07H30 dans leur société de transport de Chassieu, dans le Rhône. Elle a alors croisé Salhi avant de constater que son mari n'était plus dans l'entreprise, selon une source proche du dossier, confirmant une information de M6.
- "Qu'est-ce qu'on a comme arme pour combattre ça?" -
"On n'a pas de mots". Une foule silencieuse s'est recueillie à St-Quentin, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Lyon. C'est dans la zone industrielle de cette bourgade tranquille qu'a eu lieu l'impensable.
"C'est inouï de décapiter un homme au XXIe siècle. Nous, qu'est-ce qu'on a comme arme pour combattre ça? Être ici, ensemble", commente à l'AFP Philippe Ouastani.
A quelques dizaines de kilomètres, à Fontaines-sur-Saône, où vivait Hervé Cornara, on décrit cet homme de 54 ans, marié et père d'un fils d'une vingtaine d'années, comme un type "affectueux, généreux", engagé dans la vie de ce quartier de barres HLM. Sa maman, 87 ans, vit toujours dans l'une de ses tours.
À Paris, un nouveau Conseil restreint a été présidé en fin de matinée par François Hollande à l'Elysée, en présence du chef du gouvernement, Manuel Valls, qui a écourté sa visite en Amérique du Sud.
La société française, dont la résistance est "mise à l'épreuve" par ce nouvel attentat "ignoble" et "préoccupant", doit "être forte sur ses valeurs", a appelé Manuel Valls à son arrivée à Orly.
Au programme de ce Conseil figurait aussi la Tunisie, que des milliers de touristes étrangers s'empressaient de quitter samedi au lendemain d'un carnage dans un hôtel revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique, qui a coûté la vie à 38 personnes dont plusieurs Britanniques. Selon le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, "aucune victime française" n'a été identifiée "à ce stade".
Conséquence de l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier, le plan Vigipirate a été relevé dans la région Rhône-Alpes au niveau "alerte attentat" pour trois jours, renforçant la surveillance autour des gares, aéroports, centres commerciaux, sites industriels et des trois centrales nucléaires de la région.
Si pour l'heure l'attentat en Isère n'a pas été revendiqué, la présence de drapeaux où étaient écrits la profession de foi islamique entourant la tête de la victime accrochée au grillage d'enceinte de l'usine, rappelle les mises en scène macabres du groupe État islamique (EI) qui, le même jour, a revendiqué l'attaque de Sousse.
Fiché de 2006 à 2008 par les services de renseignements pour radicalisation, Yassin Salhi, originaire du Doubs et fraîchement arrivé à Saint-Priest, dans la métropole lyonnaise, avait de nouveau été repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise.
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