La Grèce se dirige tout droit vers le défaut de paiement, un scénario catastrophe inédit et aux conséquences imprévisibles, après l'annonce fracassante d'un référendum sur les exigences de ses créanciers qui, excédés, ont fini samedi par fermer la porte des négociations.
Le plan d'assistance financière dont bénéficie Athènes depuis 2012 "va prendre fin le 30 juin", a annoncé, solennel et la voix blanche, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, après une réunion des ministres des Finances des 19 particulièrement acrimonieuse. Il a expliqué que la partie grecque avait rompu unilatéralement les négociations.
Cette réunion, la cinquième en dix jours, aurait pu être celle de la dernière chance, elle a au contraire entériné la rupture entre Athènes et ses partenaires.
La Banque centrale européenne (BCE) a immédiatement annoncé une réunion de son conseil des gouverneurs, sans doute dimanche selon deux sources, alors que la Grèce risque d'être prise d'une panique bancaire.
En attendant, les conditions ne semblent plus réunies pour que l'institut monétaire de Francfort continue à maintenir à flot les banques grecques, via un mécanisme de prêts qui a été prolongé jour après jour récemment, ce qui pourrait précipiter la faillite des banques grecques.
"Si le gouvernement grec n'est pas prêt à accepter" les propositions qui lui sont faites, "alors il y a un problème de crédibilité", a expliqué M. Dijsselbloem, avant une nouvelle réunion de la zone euro à laquelle n'assistait pas la Grèce, pour envisager un "plan B", synomyme d'un défaut de paiement du pays.
Après des mois de négociations infructueuses, les créanciers, UE et FMI, ont soumis cette semaine à Athènes une proposition comprenant une extension de cinq mois du programme d'aide, avec un paquet financier de 15,5 milliards d'euros de prêts (12 des Européens, 3,5 du FMI), en contrepartie de réformes et mesures d'économies budgétaires. Ce plan prévoyait une aide immédiate de 1,8 milliard avant d'autres déboursements au cours de l'été.
Mais cela ne convient pas aux Grecs, qui jugent l'extension trop courte, le montant insuffisant et les conditions trop exigeantes.
Depuis des mois, leurs discussions avec les créanciers bloquent sur la réforme des retraites et celle de la TVA, mais aussi sur l'exigence d'Athènes de discuter dès maintenant d'un réaménagement de sa dette colossale qui avoisine 180% du PIB.
C'est sur ces dernières propositions des institutions créancières que le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé aux Grecs de se prononcer le 5 juillet via référendum. L'annonce a été faite dans la nuit de vendredi à samedi, prenant tout le monde de court même si cette possibilité avait déjà été évoquée.
- 'Triste jour pour l'Europe' -
"La question qui sera posée au référendum sera de savoir si nous acceptons ou rejetons la proposition" des créanciers, a expliqué M. Tsipras. Pour permettre de tenir jusque-là, Athènes voulait une extension d'un mois de son programme d'aide.
D'une même voix, les 18 ministres des Finances de la zone euro ont dit "non" samedi.
Plus isolé que jamais, le ministre grec Yanis Varoufakis a promis de "continuer à se battre" pour un accord avec ses créanciers d'ici mardi, date de la fin du deuxième programme d'aide de la Grèce.
C'est également à cette date que le pays, à court d'argent, doit rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI. Un paiement qu'il ne peut honorer sans une perfusion de ses créanciers. Sans cela, c'est le défaut de paiement qui guette, prélude à une sortie de la zone euro (le "Grexit").
Une perspective aux conséquences imprévisibles qui fait frémir dans les capitales des 18 autres membres de l'Union monétaire.
Pour M. Varoufakis, c'est à la Banque centrale européenne d'agir et de rembourser directement le FMI. "La BCE nous doit 1,9 milliard d'euros. Qu'elle les donne au FMI", a suggéré M. Varoufakis lors d'une conférence de presse. Avant de quitter Bruxelles, il a estimé que "c'était un triste jour pour l'Europe". La décision de rompre des créanciers risque selon lui de porter un "préjudice permanent" à la zone euro.
A Athènes, M. Tsipras, qui avait rencontré en petit comité jeudi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, leur a redit samedi sa "détermination" à organiser le référendum.
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