La zone euro semblait à deux doigts de fermer la porte à la Grèce, qui négocie depuis des mois pour éviter un défaut de paiement imminent, après l'annonce fracassante d'un référendum dans le pays sur les exigences des créanciers.
Ce coup de tonnerre a également renforcé les craintes d'un "bank run" (panique bancaire) dans le pays. La Banque de Grèce a assuré tout faire pour que les distributeurs soient équipés en billets, au moment où les files d'attentes s'étiraient devant de nombreuses banques à la suite de l'annonce d'un référendum le 5 juillet.
C'est "une triste décision pour la Grèce", qui "ferme la porte à la poursuite des discussions", a déploré samedi le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, se disant "très négativement surpris" par la nouvelle.
La Grèce "a mis fin aux discussions de manière unilatérale", a tranché l'Allemand Wolfgang Schäuble, qui participe lui aussi à une réunion des ministres des Finances de la zone euro qui s'est ouverte en début d'après-midi à Bruxelles.
Athènes n'a plus que trois jours pour rembourser au Fonds monétaire international un prêt de quelque 1,5 milliard d'euros, et si elle ne trouve pas cet argent, c'est le défaut de paiement qui guette, prélude à une sortie de la zone euro. Une perspective aux conséquences imprévisibles qui fait frémir dans les capitales des 18 autres membres de l'Union monétaire.
Les ministres ont très clairement laissé entendre que cette échéance devrait être respectée. "Le 30 juin est là, très proche, et c'est la fin du programme" d'aide à Athènes, a souligné le ministre belge, Johan Van Overtveldt. Et la question d'une prolongation n'est pas à l'ordre du jour, a-t-il ajouté, comme plusieurs de ses collègues, tandis que l'Irlandais Michael Noonan, plus circonspect, disait: "on va voir".
Les Européens avaient déjà commencé à évoquer depuis quelque temps un "plan B" au cas où Athènes n'honorerait pas cette échéance et se placerait en défaut de paiement. Désormais, "le plan B est en train de devenir le plan A", ont affirmé d'une même voix le Finlandais Alexander Stubb et l'Espagnol Luis de Guindos. "Il faut accélérer nos préparatifs" pour faire face à cette éventualité, a confirmé à l'AFP une source européenne proche des négociations.
- Les ministres "en ont marre" -
Convoqués pour la cinquième fois en 10 jours, les ministres ne cachaient pas leur lassitude. "Une majorité de ministres en ont marre", confiait à l'AFP une source proche des négociations.
"Ce n'est pas la première fois que le gouvernement grec crée du drame, encore et encore, en faisant de nouvelles propositions en pleine négociation", a relevé le Slovaque Peter Kazimir, l'un des plus critiques vis-à-vis d'Athènes.
Mais les institutions, FMI et UE, ont montré leur volonté de calmer le jeu. Le Fonds monétaire international va "continuer à travailler" pour rétablir la stabilité financière de la Grèce, a assuré sa directrice générale, Christine Lagarde.
Avec les autres créanciers, "nous avons constamment adapté nos approches, progressé dans les négociations avec un objectif double: rétablir la stabilité financière" de la Grèce et "permettre le développement de la croissance et de la compétitivité" du pays "dans le souci des équilibres sociaux", a-t-elle dit.
"Ce que nous voulons est que la Grèce reste dans la zone euro", a insisté de son côté le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, ajoutant que "l?écart qui demeure est relativement limité" entre les positions des uns et des autres. Mais il a reconnu que les discussions s'étaient interrompues à l'annonce de l'organisation du référendum.
Vendredi, un document avait fait l'objet de fuites, montrant que les créanciers proposaient à Athènes de prolonger son plan d'aide jusqu'à fin novembre, avec à la clé potentiellement 15,5 milliards d'euros de prêts (12 des Européens, 3,5 du FMI), en échange des réformes demandées, à la fois budgétaires et structurelles. Ce plan prévoyait une aide immédiate de 1,8 milliard pour faire face à l'échéance du 30 juin.
Mais les Grecs ont rapidement fait savoir qu'ils ne l'acceptaient pas, jugeant l'extension trop courte, le montant insuffisant et les conditions trop exigeantes.
Depuis des mois, leurs discussions avec les créanciers bloquent sur la réforme des retraites et celle de la TVA, mais aussi sur l'exigence d'Athènes de discuter dès maintenant d'un réaménagement de sa dette colossale qui avoisine 180% du PIB.
M. Tsipras, qui avait rencontré en petit comité jeudi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande en marge d'un sommet européen à Bruxelles, a indiqué les avoir avertis de ses intentions, ainsi que le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, sur qui retombe la responsabilité d'assurer la stabilité financière de la Grèce dans les prochains jours.
M. Draghi doit d'ailleurs rencontrer, après la réunion de la zone euro, des négociateurs grecs à Bruxelles, selon une source gouvernementale grecque.
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