Barack Obama est arrivé au pouvoir en promettant le "changement" à l'Amérique. Après des années de combats souvent stériles, la semaine écoulée, durant laquelle il a enregistré trois succès majeurs, peut lui laisser espérer un jugement plus favorable à l'heure du bilan.
Vendredi matin, alors qu'il mettait la dernière main à l'éloge funèbre du pasteur Clementa Pinckney, victime d'une sanglante attaque raciste en Caroline du Sud, Valerie Jarrett, proche conseillère et amie, lui a annoncé que la Cour suprême venait de légaliser le mariage homosexuel.
Cette décision venait couronner un moment à part dans sa présidence.
En seulement quelques jours, il a remporté une victoire majeure au Congrès sur un accord de libre-échange avec l'Asie qu'il appelle de ses voeux depuis des années et la Cour Suprême a écarté les dernières menaces pesant sur la réforme centrale de ses deux mandats: celle de l'assurance maladie.
Ce qui était inimaginable il y a quelques années seulement est devenu réalité: "Obamacare" s'installe durablement dans le paysage américain et le mariage gay est désormais inscrit dans la loi.
"Le progrès arrive la plupart du temps de manière très progressive: deux pas en avant, un pas en arrière", a-t-il expliqué peu après dans les jardins de la Maison Blanche entouré de son équipe, euphorique.
"Puis parfois, il y a des jours, comme celui-ci, où le travail patient dans le durée est récompensé par la justice qui arrive comme un coup de tonnerre".
Des années d'impasse au Congrès et d'attaques quotidiennes de la part de chaîne Fox News ou des partisans du Tea Party dénonçant les combats chimériques du président ont semblé balayés en quelques jours.
"Je pense que, sur de nombreux sujets, le président est du bon côté de l'histoire", juge Seth Moulton, membre démocrate de la Chambre des représentant. "Parfois, cela prend du temps pour que cela devienne évident pour tout le monde".
"Mais c'est incontestablement une semaine historique, et nous récoltons les fruits de très longues batailles".
- Changement de ton -
Les victoires engrangées par le 44e président des Etats-Unis au cours des sept derniers jours interviennent au moment où il semble déterminé à changer de ton dans la dernière ligne droite de sa présidence.
Sans échéance électorale en vue d'ici son départ de la Maison Blanche en janvier 2017, il a choisi de prendre moins de gants.
Et l'éloge funèbre prononcé vendredi à Charleston pour le pasteur Pinckney pourrait bien figurer en bonne place lorsque les historiens se pencheront sur les moments marquants de sa présidence.
Car, en dépit de son parcours personnel, le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis a jusqu'ici rencontré des difficultés à enregistrer de véritables progrès sur la question sensible des relations raciales.
"C'est frappant: Obama a gagné sur les droits à la santé et les droits pour les homosexuels mais il a fait moins de progrès sur la question raciale", résume Julain Zelizer, professeur d'histoire à l'université de Princeton. "Je pense que les progrès sur ce sujet ont été plus lents que ce qu'il espérait".
Mais dans un pays où la division entre Nord et Sud reste bien réelle, M. Obama n'a pas mâché ses mots vendredi, devant plusieurs milliers de personnes rassemblées pour les funérailles du pasteur Pinckney, abattu une semaine plus tôt avec huit autres paroissiens par un jeune blanc de 21 ans au visage adolescent.
La drapeau confédéré - symbole de l'héritage du Sud pour ses partisans, du racisme et de l'esclavage pour ses détracteurs - "a toujours représenté davantage que juste la fierté ancestrale", a-t-il lancé sur un ton combatif.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.