Les forces kurdes ont chassé samedi le groupe jihadiste Etat islamique (EI) de Kobané après que ses combattants ont tué en 48 heures plus de 200 civils, dont des femmes et des enfants, dans cette ville du nord de la Syrie en guerre.
En lançant jeudi un assaut surprise contre la cité frontalière de la Turquie, les jihadistes s'étaient retranchés dans des immeubles et avaient pris en otage des dizaines de civils qui ont finalement réussi à fuir avec l'aide des forces kurdes, selon des militants et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Après avoir fait appel à des renforts, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale force kurde, les en ont chassés, a précisé l'OSDH. "Elles ont fait exploser un lycée, dernier endroit où les jihadistes s'étaient retranchés" avec leurs otages.
Après s'être assurées qu'il n'y avait plus de civils dans le bâtiment, "les YPG ont fait exploser des mines posées autour du lycée avant d'y pénétrer", a dit via internet le militant Roudi Mohammad Amine en confirmant la prise "totale" de Kobané par les forces kurdes.
Celles-ci ratissent toujours la ville à la recherche de jihadistes qui se seraient cachés après leur retraite, a indiqué l'OSDH qui s'appuie sur un large réseau de militants.
- "L'EI a réalisé son objectif" -
"On ne peut pas parler de défaite au vrai sens du terme dans la mesure où l'EI a réussi à exécuter son plan à Kobané, qui consistait à y commettre un massacre. Il a été chassé mais après avoir perpétré un horrible massacre", selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Pendant son assaut dans la ville et ses alentours jeudi et vendredi, l'EI a tué 206 civils, un bilan révisé à la hausse par l'OSDH qui a fait état de la découverte de nouveaux cadavres samedi. La plupart ont été abattus par balles, a précisé M. Abdel Rahmane.
"Des familles entières ont été tuées", a-t-il ajouté. La majorité des corps ont été trouvés "dans les maisons ou les rues".
Pour l'OSDH, il s'agit de l'un des "pires massacres" de l'EI en Syrie, où le groupe jihadiste accusé de crimes contre l'Humanité a consolidé son emprise sur de vastes régions malgré les raids aériens de la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis.
"Les jihadistes ne veulent pas contrôler la ville, ils viennent juste pour tuer le plus grand nombre de civils de la pire manière", a affirmé un militant, Mostafa Ali.
Durant les combats à Kobané, 54 jihadistes ont été tués ainsi que 16 combattants kurdes, a indiqué l'OSDH. Dix-huit autres jihadistes ont été tués samedi par les frappes de la coalition à 35 km au sud de Kobané.
En janvier, l'EI avait subi à Kobané son premier revers depuis le début de son expansion en 2013 en Syrie, pays ravagé par la guerre civile depuis plus de quatre ans. Il en avait été chassé par les YPG, aidées des raids de la coalition, après quatre mois de combats sanglants.
- Kurdes et armée contre EI à Hassaké -
Le dernier assaut de Kobané avait été expliqué par des analystes comme une "vengeance" et une "opération de diversion" de la part des jihadistes qui ont subi des défaites dernièrement face aux forces kurdes dans le nord syrien. Ces dernières se trouvent en effet à 56 km au nord de Raqa, principal fief de l'EI en Syrie.
Dans le nord-est et le sud de la Syrie, les forces du régime de Bachar al-Assad, qui enregistrent une série de revers depuis trois mois, livraient combat dans deux capitales provinciales, après avoir perdu celles de Raqa (nord) et Idleb (nord-ouest).
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