Le groupe extrémiste sunnite Etat islamique a de nouveau pris pour cible des fidèles chiites dans le Golfe, en revendiquant un attentat suicide qui a fait 27 morts et 222 blessés vendredi dans une mosquée du Koweït, en plein ramadan.
Il s'agit de la première attaque visant un lieu de prière fréquenté par des chiites dans ce riche émirat pétrolier à majorité sunnite, mais l'Arabie saoudite voisine a été secouée à deux reprises le mois dernier par des attaques semblables de l'organisation jihadiste, qui ont fait au total plus de 20 morts.
L'attaque de Koweït a été perpétrée le jour où la Tunisie était également frappée par un attentat particulièrement meurtrier, tandis qu'en France un homme était décapité lors d'une attaque jihadiste contre un site industriel sensible et qu'en Somalie des dizaines de soldats étaient tués dans une base de la force de l'Union africaine (UA) par les islamistes shebab.
Le groupe ultra-radical sunnite EI, qui considère les chiites comme des hérétiques, a rapidement endossé la responsabilité de l'attentat mené pendant la grande prière dans la mosquée Al-Imam al-Sadeq à Koweït City, au deuxième vendredi du mois de jeûne musulman.
Le bilan s'établissait vendredi soir à au moins 27 morts et 222 blessés, selon des propos du ministre de la Santé Ali al-Obaidi à la télévision d'Etat.
Le principal dignitaire religieux de la mosquée, Abdullah al-Mazeedi, a indiqué à l'agence officielle KUNA qu'environ 2.000 personnes se trouvaient dans le lieu de culte au moment de l'attaque, à la mi-journée.
Après une réunion d'urgence, le gouvernement a indiqué avoir placé toutes les forces de sécurité en état d'alerte et décrété pour samedi une journée de deuil national.
"Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour déraciner ce fléau", a indiqué le gouvernement dans un communiqué, se disant prêt "à une confrontation totale et inexorable avec ces terroristes".
Le Koweït n'avait plus été touché par une "attaque terroriste" depuis janvier 2006.
- 'Désespérée et diabolique' -
La semaine dernière, le porte-parole officiel de l'EI avait appelé les musulmans dans le monde à engager la guerre sainte durant le ramadan, qui a débuté le 17 juin, pour en faire "un mois de malheur pour les mécréants".
Dans un communiqué, la "Province de Najd", qui s'est récemment manifestée comme la branche saoudienne de l'EI, a affirmé qu'un kamikaze, Abou Souleiman al-Mouwahhid, avait perpétré l'attentat de vendredi contre une mosquée qui "répandait l'enseignement chiite parmi la population sunnite". C'est la première fois que le Koweït est touché par une action violente du groupe jihadiste.
Cette même "Province de Najd" avait revendiqué en mai les deux attaques meurtrières contre les chiites dans le royaume saoudien. L'EI avait également récemment endossé la responsabilité de cinq attentats quasi simultanés contre des mosquées dans la capitale du Yémen, Sanaa.
L'émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, s'est rapidement rendu sur les lieux de l'attentat et des images de la télévision d'Etat l'ont montré dans les décombres, visiblement ému.
Il a plus tard indiqué que cet attentat était "une tentative désespérée et diabolique de s'en prendre à l'unité nationale du Koweït", pays où les chiites représentent environ un tiers du 1,3 million de citoyens.
Outre la communauté internationale, qui a dénoncé la "barbarie" et la "haine aveugle" des attentats ayant frappé la Tunisie, la France, et le Koweït, les condamnations ont été unanimes dans l'émirat. Le Mouvement islamique constitutionnel, branche locale de la confrérie islamiste des Frères musulmans, s'est insurgé contre une "basse attaque criminelle visant une mosquée".
Le principal leader religieux sunnite du pays, cheikh Ajeel al-Nashmi, a jugé que l'attaque était "un acte criminel visant à semer les graines de la discorde" mais que "chiites et sunnites feront assurément échouer la conspiration des terroristes".
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