Un cadre d'entreprise "abjectement décapité", des drapeaux islamistes et une explosion: un attentat, dont l'auteur présumé a été arrêté, a été commis vendredi dans un site de gaz industriels en Isère, moins de six mois après ceux de Paris.
L'attaque, qui n'a pas fait d'autres victimes, est survenue avant 10 heures dans une unité du groupe américain Air Products située dans une zone logistique de Saint-Quentin-Fallavier, près de Lyon.
C'est la première fois qu'un homme est décapité en France lors d'un attentat, alors que cette pratique est fréquente dans les zones de Syrie et d'Irak aux mains du groupe Etat islamique (EI).
La victime, 54 ans, était directeur commercial au sein d'une entreprise de transport où travaillait aussi l'auteur présumé de l'attentat Yassin Salhi. Ses locaux étaient perquisitionnés à Chassieu (Rhône) vendredi en fin de journée.
Le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête. Fraîchement arrivé en région lyonnaise en provenance de l'Est de la France, Yassin Salhi, 35 ans, avait été fiché en 2006 par les services de renseignements pour "radicalisation", selon l'Intérieur.
Il avait de nouveau été repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise, a précisé le procureur de la République de Paris, François Molins. Son casier judiciaire était vierge.
Trois autres personnes ont été interpellées: la femme et la soeur du suspect qui résidait en famille à Saint-Priest dans la banlieue lyonnaise; et le propriétaire d'un véhicule repéré à proximité du site, finalement relâché.
Selon les premiers éléments, le suspect s'est présenté seul peu avant 09H30 devant l'usine dans un véhicule utilitaire. Il a pu pénétrer sur le site car "il avait l'habitude de rentrer dans l'usine pour des livraisons" et était ainsi connu du personnel, qui lui a ouvert la porte, a précisé François Molins.
Il aurait ensuite foncé sur des bonbonnes de gaz stockées sur le site, provoquant une explosion dont il réchappait. Il tentait alors de déclencher une autre explosion --qui aurait pu être bien plus dévastatrice (43 personnes se trouvaient sur le site)-- quand deux pompiers intervenaient, accueillis au cri de "Allahou Akbar" (Dieu est le plus grand). L'un d'eux le maîtrisait.
Les gendarmes découvraient ensuite dans l'usine le corps "abjectement décapité", selon les mots du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, de la victime, puis sa tête accrochée au grillage d'enceinte, entourée de deux drapeaux islamistes.
- "Parti au travail à 7h00" -
Ce nouvel attentat "de nature terroriste", selon le président François Hollande, intervient moins de six mois après ceux de janvier à Paris, qui avaient fait 17 morts, et alors qu'un attentat a tué 37 personnes sur une plage en Tunisie.
Le président Hollande, qui participait à un sommet européen à Bruxelles, l'a écourté pour venir présider un conseil restreint dans la capitale.
Les autorités redoutaient de nouveaux actes de terrorisme depuis janvier et l'arrestation, en avril, d'un étudiant algérien, Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d'un projet d'attaque contre une église catholique près de Paris, au nom de l'islam radical.
"Nous sommes face à un risque extrêmement élevé", a déclaré M. Cazeneuve vendredi soir.
A Saint-Priest où Yassin Salhi vivait avec son épouse et leurs trois enfants de 6 à 9 ans, dans une petit immeuble HLM de trois étages, les voisins décrivent "une famille discrète". "Leurs enfants jouent avec les miens", dit une voisine. "Il ne parlait à personne. On se disait juste +bonjour-bonsoir+", raconte un autre voisin au sujet du suspect, qui ne se distinguait pas non plus par sa tenue: "Il avait juste une petite barbe".
"J'ai le coeur qui va s'arrêter", "je ne sais pas ce qui se passe", a déclaré l'épouse du suspect à la radio Europe 1 avant son interpellation par la police.
"Il est parti au travail ce matin à 07H00", a-t-elle raconté. "On est des musulmans normaux, on fait le ramadan. Normal", a-t-elle insisté, ne voyant "pas l'intérêt ou pourquoi" il aurait fait ça.
Le recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a condamné un "attentat diabolique perpétré en plein mois de ramadan": "Nous ne pouvons tolérer ce que ces messagers de la haine font au nom de l'islam."
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