Les dirigeants européens ont mis une pression maximale sur la Grèce vendredi pour qu'elle accepte ce week-end un accord qui lui assurerait sous condition une aide de 12 milliards d'euros jusque fin novembre, et lui éviterait le défaut de paiement.
Mais le gouvernement grec résiste toujours, faisant savoir que ce plan "ne peut être accepté" en l'état, notamment à cause d'un financement jugé "tout à fait insuffisant".
Les ministres des Finances de la zone euro doivent se réunir samedi en urgence, pour la cinquième fois en moins de dix jours, pour tenter de trouver une issue. La réunion doit commencer à 12H00 GMT à Bruxelles.
La probabilité d'un accord sur la Grèce, "c'est environ du 50-50", a estimé vendredi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, en marge d'un discours à Francfort.
Athènes doit rembourser mardi sans faute quelque 1,5 milliard d'euros au Fonds monétaire international. Derrière un possible défaut sur cette échéance se profile un possible "Grexit", sortie de la Grèce de la zone euro redoutée de tous.
Mais Athènes ne pourra honorer sa dette sans perfusion financière.
Européens et FMI ont mis sur la table une proposition prévoyant une extension de cinq mois du programme d'aide dont bénéficie la Grèce, et qui expire mardi, et un paquet d'au moins 12 milliards d'euros à verser en quatre temps jusqu'en novembre, selon un document qui a fuité vendredi.
Il ne s'agit pas d'argent frais, insistait-on dans certaines capitales européennes. Les fonds sont déjà alloués dans le cadre du programme actuel, et seraient redirigés. L'essentiel viendrait d'une enveloppe de 10,9 milliards d'euros initialement mise de côté pour les banques hellènes.
La réaction d'Athènes à cette nouvelle offre, qualifiée d'"exceptionnellement généreuse" par la chancelière allemande Angela Merkel, a été sévère.
Les principes européens "n'ont pas été fondés sur le chantage et les ultimatums", a d'abord déclaré à Bruxelles le Premier ministre grec Alexis Tsipras, avant que le gouvernement ne publie une note de rejet.
"La proposition des institutions (UE, FMI) () au gouvernement grec était de légiférer (immédiatement sur des mesures profondément récessives () en tant que condition d'un financement sur cinq mois, cependant tout à fait insuffisant", déplore-t-il.
Le gouvernement assure que cette proposition, en laissant "un important trou de financement", "mènerait à une nouvelle négociation difficile, et un nouveau mémorandum (d'austérité, ndlr) à la fin de l'année", dont il ne veut pas.
- Washington s'inquiète, DSK s'en mêle -
Malgré tout, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a assuré que la proposition des créanciers "n'est pas à prendre ou à laisser", affirmant voir toujours "une possibilité réelle de conclure un accord" dans les temps.
Dans ce cas, selon la proposition d'accord obtenue par l'AFP, quelque 1,8 milliard d'euros pourraient être versés "dès que le Parlement grec aura voté par une résolution l'accord avec les institutions". Cette somme permettrait à la Grèce d'éviter le défaut de paiement mardi.
Idéalement, si Athènes et ses créanciers se mettaient d'accord samedi, le Parlement grec pourrait se prononcer dimanche et lundi ce serait au tour du Bundestag, chambre basse du parlement allemand qui doit aussi donner son aval, a suggéré une source européenne au fait des discussions.
Vendredi matin, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont rencontré M. Tsipras, le tandem franco-allemand enjoignant le dirigeant grec à saisir la main tendue.
La Grèce réclame aussi depuis des mois un aménagement de la dette colossale du pays. Ses partenaires refusent d'en parler pour le moment, mais Athènes a reçu vendredi l'appui de Washington, où le secrétaire d'Etat au Trésor Jack Lew a plaidé pour "une forme de restructuration de la dette grecque".
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