Célèbre pour ses vues de Paris, ami de Renoir et de Monet, Gustave Caillebotte (1848-1894), le "moins connu des impressionnistes français", fait l'objet pour la première fois en 20 ans d'une exposition aux Etats-Unis, à partir de dimanche à Washington.
Forte de 56 toiles, l'exposition "Caillebotte: l'oeil du peintre" (28 juin - 4 octobre à la National Gallery of Art) est une exposition monographique aux oeuvres "soigneusement sélectionnées" pour faire connaître la diversité méconnue de la palette de l'artiste, indique à l'AFP la conservatrice Mary Morton.
Les deux chefs-d'oeuvre du "moins connu des impressionnistes français", dit-elle, "Les Raboteurs de parquet" (Musée d'Orsay, Paris) et "Rue de Paris, Temps de pluie" (Art Institute, Chicago) sont là au côté de scènes d'intérieur, natures mortes, paysages d'eau, portraits ou nus moins célèbres, plus de la moitié venant de collections privées.
Issu d'un milieu très aisé qui lui a permis de s'adonner sans souci d'argent à la peinture et d'aider ses amis, Caillebotte est mort jeune, à l'âge de 45 ans, laissant quelque 500 oeuvres personnelles et une collection de Renoir, Monet, Manet et autre Cézanne, dont il a fait don à l'Etat français.
Mais "il a aussi été un artiste impressionniste, pas seulement un collectionneur", insiste la commissaire de l'exposition qui veut montrer le Caillebotte "d'avant-garde", précurseur du XXe siècle plus tard comparé à un Balthus ou un Francis Bacon.
Peintre du "nouveau Paris", il dépeint avec des cadrages plongeants inhabituels la modernité de la capitale alors complètement transformée par le baron Haussmann. Il rompt aussi avec la tradition en peignant un nu masculin sortant du bain, une femme étendue nue sur un canapé, qui se désintéresse du spectateur et concentrée sur elle-même.
"Je voudrais que l'exposition change la façon dont nous pensons le mouvement impressionniste, souvent associé à des paysages de prairie, des jolies femmes, des jolies robes ou des fleurs", dit-elle.
- Pour une 'rue Caillebotte' à Paris -
C'est aussi le moyen de voir en un seul lieu une oeuvre très dispersée. "Il n'y a aucun endroit où on peut la voir de manière extensive", explique Mme Morton.
Le musée d'Orsay a quatre tableaux, Chicago et Boston deux. Étonnamment, des musées du mid-west américain, à Milwaukee, Kansas City ou Cleveland, en possèdent chacun un. Dans les années 1950-1960, le marchand d'art Daniel Wildenstein "a compris que les collectionneurs du mid-west étaient prêts à acheter un impressionniste moins connu et le prix valait le coup", raconte-t-elle.
Les descendants du peintre ont eux-mêmes prêté 19 toiles. Présente à Washington pour l'inauguration, la famille estime que l'exposition américaine propose "les plus importants" des tableaux.
Caillebotte était un "audacieux". "Et puis, fortuné, il pouvait faire ce qu'il voulait. A l'époque, en voyant un champ sans rien avec un poteau au milieu ou un personnage coupé sur la toile, les contemporains ont été horrifiés", dit à l'AFP Gilles Chardeau, arrière-petit-neveu de l'artiste mort sans enfant, et président du Comité Caillebotte qui gère l'oeuvre.
M. Chardeau rappelle aussi le fameux Legs Caillebotte et les 38 oeuvres données à l'Etat français. Et "il n'y a pas de rue Caillebotte à Paris !", ni de salle à son nom au musée d'Orsay, ni comme peintre ni comme donateur, s'étonne-t-il. "Je trouve qu'il y a un peu d'ingratitude".
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