Les dirigeants européens ont mis la Grèce au pied du mur pour qu'elle accepte un accord ce week-end, à quatre jours d'un remboursement au FMI qui alimente les craintes d'un défaut de paiement du pays, aux conséquences potentiellement dévastatrices.
Au deuxième jour d'un sommet européen à Bruxelles, le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est brièvement entretenu vendredi avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande pour tenter de trouver une issue rapide, selon plusieurs sources concordantes. La rencontre a duré à peine vingt minutes, juste avant le début du sommet.
Le tandem franco-allemand a rappelé à son partenaire grec que la réunion samedi des ministres des Finances "serait cruciale et décisive", selon une source française. Pour cette source, il "faut travailler d'ici là pour un accord sur un paquet comprenant réformes, investissements et financements".
Alexis Tsipras ne s'en est pas laissé compter et "a fait savoir aux dirigeants français et allemand () que la partie grecque ne comprend pas l'insistance des institutions (créancières) concernant certaines mesures difficiles" à mettre en place, indique-t-on à Athènes.
Son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, qui l'accompagne désormais systématiquement dans les négociations au plus haut niveau à Bruxelles, s'est voulu ferme vendredi, n'hésitant pas à poursuivre le bras de fer avec les créanciers, UE et FMI.
"La Grèce a été contrainte d'accommoder quelques demandes plutôt étranges des institutions. C'est maintenant à elles de faire un pas en avant", a-t-il déclaré à la radio irlandaise. "Si on me demande de signer un accord clairement non viable, je ne le ferai pas", a-t-il averti, ajoutant: "Les institutions nous placent, mon gouvernement et moi, dans une position impossible".
Cette rencontre trilatérale est intervenue alors que les dirigeants européens ont infligé un camouflet jeudi à Alexis Tsipras en refusant d'organiser un nouveau sommet de la zone euro consacré au sort de son pays, confiant la suite des discussions aux ministres des Finances au sein de l'Eurogroupe. Un sommet de la zone euro a eu lieu lundi soir mais n'a pas permis de percée.
- 'Terreur' de la sortie de l'euro -
"Nous sommes tombés d'accord qu'il faut continuer à travailler entre la Grèce et les institutions (Commission européenne, BCE et FMI) et que l'Eurogroupe de samedi revêt une importance décisive, car le temps presse", a déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi Mme Merkel.
La "réunion de samedi est cruciale parce que nous sommes à l'échéance", a déclaré pour sa part François Hollande, qui a appelé à mettre un point final aux négociations qui durent depuis presque cinq mois entre la Grèce et ses créanciers.
L'enjeu est un accord sur des promesses de réformes et coupes budgétaires en Grèce, ouvrant la voie au déblocage d'argent frais pour le gouvernement grec dont les caisses sont vides.
Athènes doit rembourser mardi sans faute quelque 1,5 milliard d'euros au FMI. Or elle ne pourra honorer cette dette sans le déblocage d'une tranche d'un prêt en suspens depuis presque un an, de 7,2 milliards d'euros, ou à défaut un geste financier de la BCE.
Il n'y a pas "d'autre solution que celle d'un accord" dans la crise grecque pour "préserver les intérêts" d'Athènes mais aussi ceux des autres pays européens, a insisté vendredi le Français Michel Sapin. "Il y a une vraie terreur d'un certain nombre de Grecs de la sortie de l'euro et donc la Grèce ne sortira pas de l'euro", a martelé le ministre des Finances.
Pragmatique, le patron de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a lui aussi rappelé la nécessité d'un accord au plus tard samedi, le temps de laisser les parlements se prononcer avant le 30 juin.
"Il faut y arriver, pour la simple raison que ça doit passer au Parlement grec en premier lieu puis devant les Parlements de plusieurs Etats-membres", a-t-il déclaré à La Haye, avant de revenir à Bruxelles samedi.
Si un accord est trouvé dans les heures ou jours qui viennent, ce serait l'épilogue d'une crise qui dure depuis l'arrivée en début d'année d'un gouvernement de gauche radicale (Syriza) en Grèce et sa volonté de tourner la page de l'austérité. La réunion de l'Eurogroupe samedi, la cinquième en moins de dix jours, débutera à partir de 15H00 GMT.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.