Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a piqué un coup de sang jeudi soir contre ses homologues européens durant un débat consacré aux migrants, pour obtenir leur engagement de prendre en charge 40.000 demandeurs d'asile arrivés en Italie et en Grèce, selon le récit fait par un participant.
"Ou vous êtes solidaires, ou vous ne nous faites pas perdre notre temps", a-t-il lancé, selon le récit de son coup de sang fait à la presse au sommet des 28 qui se tient jusqu'à vendredi à Bruxelles.
L'absence de consensus sur la proposition d'imposer des quotas pour la répartition sur deux ans de 40.000 demandeurs d'asile arrivés en Italie et en Grèce depuis le 15 avril, afin de soulager ces deux pays, a déclenché la colère du chef du gouvernement italien.
Les débats ont duré plusieurs heures et ont été très tendus, car plusieurs pays d'Europe centrale --Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie-- ont voulu que cette répartition se fasse de manière volontaire.
"Le mot volontaire n'est pas dans les conclusions" du sommet, s'est félicité Matteo Renzi.
L'accord stipule que les dirigeants de l'UE "donnent leur accord à la relocalisation sur deux ans de 40.000 personnes arrivées en Italie et en Grèce et ayant besoin d'une protection provisoire, et à la réinstallation de 20.000 réfugiés". Il n'impose aucune obligation, contrairement à ce que demandait la Commission européenne, mais la formule vaut engagement contraignant, a-t-on expliqué de source européenne.
Le chef du gouvernement italien a été contraint de refuser deux projets de conclusions au cours des débats, a-t-on appris de sources diplomatiques.
"La discussion a été longue et a connu des moments de tension bien légitimes", a reconnu le président français François Hollande.
Interrogé par l'AFP sur son coup de colère, Matteo Renzi a assuré, en français, être "un homme très tranquille".
"J'ai seulement dit que si l'Europe est un lieu où nous ne parlons que de budget, ce n'est pas l'Europe à laquelle nous avons pensé lorsque nous l'avons créée en 1957 à Rome", a-t-il ajouté.
"Vu l'ampleur du phénomène, donner une perspective de vie à 60.000 personnes est un effort modeste. Cela prouve que l'Europe n'est pas à la hauteur des principes qu'elle déclame", a déploré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, dépité par les modifications imposées à ses recommandations.
Plus de 100.000 personnes sont clandestinement entrées dans l'UE depuis le début de l'année par la Méditerranée ou par la Turquie, selon l'agence européenne Frontex. Plus de 60.000 sont arrivés en Italie après une périlleuse traversée de la Méditerranée.
"La France prendra sa part" de l'effort pour aider l'Italie et la Grèce, débordés par les flux de migrants, a assuré François Hollande. Mais il n'a mentionné aucun chiffre. La répartition proposée par la Commission aurait imposé à la France de prendre en charge 9.000 réfugiés et demandeurs d'asile sur deux années.
La contrepartie de cette solidarité sera un durcissement des conditions d'accueil des migrants avec la création de centre de tri en Italie et en Grèce pour "identifier et faire la distinction entre les prétendants au droit d'asile et les migrants économiques", a expliqué François Hollande.
Les déboutés du droits d'asile devront être raccompagnés dans leur pays d'origine, ce qui va imposer la négociation d'accords de réadmission. Un nouveau mandat et des moyens supplémentaires seront donnés à Frontex pour raccompagner ces migrants.
Selon la Commission européenne, 34% seulement des personnes en situation irrégulière ont été renvoyées de l'UE en 2014.
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