Les dirigeants européens ont fixé un ultimatum, jusqu'à samedi, pour que la Grèce trouve avec ses créanciers un accord permettant de reprendre son renflouement et lui éviter un défaut de paiement.
"Nous sommes tombés d'accord qu'il faut continuer à travailler entre la Grèce et les institutions et que l'Eurogroupe de samedi revêt une importance décisive, car le temps presse", a dit la chancelière allemande Angela Merkel à l'issue de dix heures de discussions avec ses partenaires de l'UE réunis en sommet à Bruxelles - dont deux ont été consacrées au cas grec selon des sources européennes.
"Je considère que cette réunion de samedi est cruciale parce que nous sommes à l'échéance", a déclaré pour sa part le président français François Hollande. Dans un tweet, le président du Conseil européen Donald Tusk a indiqué que les responsables européens comptaient sur l'Eurogroupe pour "conclure le processus samedi".
Les chefs d'Etat et de gouvernement se refusent à arbitrer le bras de fer entre Athènes et ses créanciers (BCE, FMI, Commission européenne) sur les réformes et les coupes budgétaires demandées à la Grèce en échange du déblocage de 7,2 milliards d'euros de prêts.
"Nous ne pouvons pas nous impliquer dans les discussions techniques", a dit Mme Merkel, "les chefs d'Etat et de gouvernement ne peuvent que souligner la volonté politique d'arriver à une solution, et cette volonté a été très clairement exprimée aujourd'hui", a-t-elle dit.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras aurait voulu au contraire que le sort de son pays soit scellé au plus haut niveau. Mais la question sera du ressort des 19 ministres des Finances de la zone euro, dont ce sera samedi la cinquième réunion en un peu plus d'une semaine sur le sujet.
La quatrième, jeudi, s'était à nouveau soldée sur une déconvenue, et les ministres ont confié au trio des institutions la tâche "d'intégrer si possible" des positions grecques à leurs propositions, selon une source européenne.
"Les grecs devront dire oui ou non" à cette nouvelle mouture, a-t-elle ajouté.
- La dette en arrière-fond -
Porté au pouvoir sur un engagement anti-austérité, M. Tsipras est écartelé entre les exigences des créanciers et la pression de son parti de gauche radicale Syriza et de ses électeurs contre des mesures qui aggraveraient la pauvreté dans le pays à l'économie en berne.
Outre une augmentation de la TVA, la réforme du système des retraites reste un point d'achoppement majeur. Et en arrière-fond la question de l'insoutenable dette publique grecque - près de 180% du Produit intérieur brut (PIB) - se pose avec insistance.
Berlin ne veut pas entendre parler d'allègement de la dette avant d'avoir des engagements clairs sur les réformes, mais M. Tsipras pose la condition inverse et veut aussi des garanties sur le financement les mois à venir. "C'est la poule et l'oeuf", selon une source européenne.
La date-butoir est en tout état de cause le 30 juin, à laquelle la Grèce doit honorer un remboursement au FMI.
Le déblocage d'une tranche de prêt en suspens depuis presque un an sera nécessaire pour qu'Athènes honore cette échéance. Pour que ces fonds soient débloqués, il faut encore, après l'accord salvateur, que le parlement grec donne son aval, ce qui pourrait intervenir dimanche, puis le parlement allemand. Le Bundestag pourrait se prononcer en début de semaine.
Derrière un défaut de paiement au FMI se profile la menace d'une sortie de la Grèce de la zone euro, un "Grexit", scénario catastrophe pour les responsables européens et pour beaucoup de Grecs qui veulent rester dans l'euro.
A Washington, un porte-parole du FMI a déclaré jeudi "s'attendre à ce que le paiement soit fait le 30 juin" , se référant aux assurances données récemment par Athènes.
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