La gouvernement a réaffirmé jeudi sa volonté de faire fermer UberPOP, à l'issue d'une journée de mobilisation émaillée de violences qui a vu près de 3.000 taxis en colère bloquer gares et aéroports pour dénoncer la "concurrence sauvage" de l'application mobile.
"Le gouvernement ne sera jamais résolu à la loi de la jungle. UberPOP est un service illégal, il doit être fermé", a promis jeudi soir le ministre de l'Intérieur après avoir reçu les syndicats de taxis. Bernard Cazeneuve a toutefois reconnu qu'une fermeture ne pouvait résulter que d'une décision de justice.
En attendant, il a demandé que les véhicules des conducteurs UberPOP soient "systématiquement saisis lorsqu'ils sont pris en flagrant délit" et annoncé une nouvelle réunion avec les syndicats le 3 juillet.
"C'est encore des promesses. Là, on va aller voir des collègues pour leur donner le compte-rendu, et on prendra la décision de continuer ou non la grève", a commenté Ibrahima Sylla, de l'organisation Taxis de France.
Les syndicats menacent de poursuivre le mouvement, en dépit des accrochages et au risque d'entamer le capital de sympathie des taxis. Le ras-le-bol est tel qu'"on est obligé de passer par cette étape de la radicalité", plaide Abdel Ghalfi (CFDT).
Dix personnes ont été interpellées et sept policiers blessés dans des incidents jeudi, qui ont aussi vu soixante-dix véhicules dégradés, selon Bernard Cazeneuve.
Porte Maillot à Paris, des taxis ont pris d'assaut et incendié deux voitures de transport avec chauffeur (VTC) --pourtant autorisées et n'ayant rien à avoir avec UberPOP--, provoquant l'intervention des forces de l'ordre.
Condamnant des violences "inadmissibles", le Premier ministre Manuel Valls a promis que leurs auteurs, "qui se trouvent dans les deux camps", seraient "poursuivis".
Face aux tensions, le gouvernement a multiplié les gestes de fermeté, avec un signalement à la justice et un arrêté d'interdiction de l'activité d'UberPOP à Paris comme il y en a déjà eu dans d'autres départements.
"C'est un arrêté préfectoral, on va le contester et on verra ce que donne le recours, pour l'instant ça ne change rien, UberPOP peut continuer", a balayé le directeur général d'Uber France, Thibaud Simphal, sur BFM Business.
- 'Guet-apens' -
Le groupe américain de VTC Uber conteste la constitutionnalité de la loi sur les transports routiers et a fait appel de sa condamnation à 100.000 euros d'amende pour avoir abusivement présenté UberPOP comme un service de covoiturage. Cet appel, qui sera examiné en octobre, étant suspensif, Uber a maintenu son service à prix cassés, qui met en relation des passagers et des particuliers au volant de leur véhicule personnel.
Des avocats de chauffeurs UberPOP ont accusé les taxis de s'organiser "en milices privées" et de monter "des guet-apens".
Dans la capitale, la circulation a été perturbée. Les accès à la gare du Nord comme à la gare de Lyon ont été bloqués par des dizaines de voitures, dont celle d'Olivier Noblot, taxi depuis 22 ans, "prêt à revenir tous les jours s'il le faut et à bloquer Paris".
A l'aéroport d'Orly, des grévistes ont fait la chasse aux chauffeurs clandestins, et à Roissy, les accès à plusieurs terminaux ont été bloqués plusieurs heures. Dans les deux aéroports, des VTC ont renversé des personnes, les blessant légèrement.
Tensions et perturbations également à Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nice ou Marseille. Pour Gilles Alonso, du syndicat Alliance Taxi 13, "quand on ne s'acquitte d'aucune charge sociale, c'est facile de faire des courses à 3 ou 4 euros".
Au total, 2.800 taxis ont été mobilisés en France avec une "trentaine de points de blocage" dont certains persistaient jeudi soir, selon une source policière.
Certaines situations on fait le buzz, comme les tweets de la chanteuse américaine Courtney Love, veuve du leader de Nirvana Kurt Cobain: "Ils frappent notre voiture avec des barres de fer. C'est la France? Je suis plus en sécurité à Bagdad. François Hollande, où est la putain de police?".
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