Des centaines de taxis en colère ont convergé jeudi matin autour des aéroports parisiens et dans plusieurs villes, pour dénoncer la "concurrence sauvage" de l'application mobile UberPOP, créant d'importantes perturbations de circulation.
"Le but c'est d'occuper l'espace, parce qu'il y a un vrai ras-le-bol", a expliqué Karim Asnoun, de la CGT, annonçant des sit-in dans de nombreuses villes.
A Toulouse, une quarantaine de taxis bloquaient l'accès à la gare vers 8H00 et une centaines d'autres ralentissaient l'accès à l'aéroport. A Marseille, la mobilisation perturbait la circulation, en ville et vers l'aéroport, et des centaines de véhicules filtraient l'entrée d'un tunnel autoroutier, selon un journaliste de l'AFP sur place.
A l'aéroport de Roissy, au nord de Paris, les accès à trois terminaux (2E, 2F et 2D) étaient bloqués et la circulation perturbée, comme dans plusieurs quartiers de la capitale. Vers la porte Maillot (ouest), des CRS sont intervenus peu après 7 heures pour dégager le périphérique bloqué, dans une odeur âcre de fumée, avec claquement de pétards et fracas de poubelles renversées sur la chaussée.
Un chauffeur de VTC s'est fait crever les pneus et sortir de son van, que des grévistes ont ensuite tenté de renverser avant l'intervention des CRS, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
L'accès à la gare du Nord était entravé par des dizaines de taxis et l'ambiance était tendue à Orly où de nombreux taxis faisaient la chasse aux chauffeurs clandestins, sous le regard attentif des forces de l'ordre.
"La base attend de nous des messages forts, on est obligé de passer par cette étape de la radicalité", a expliqué Abdel Ghalfi (CFDT).
Les taxis, qui dénoncent "la précarisation des chauffeurs", exigent l'arrêt du service UberPOP et l'application des lois réprimant les taxis clandestins.
- Appels au calme -
Depuis plusieurs mois, le groupe américain des voitures de transport avec chauffeur (VTC) Uber s'est engagé dans un bras de fer avec l'Etat, autour de son application mobile UberPOP, un service à prix cassés qui met en relation des passagers et des conducteurs non professionnels assurant le transport avec leurs véhicules personnels.
Uber revendique 400.000 utilisateurs d'UberPOP en France, où le nombre des taxis est faible. Mais ces chauffeurs sont des particuliers qui ne paient ni cotisations sociales ni impôts, n'ont pas suivi les 250 heures de formation nécessaires pour obtenir un agrément et ne sont pas assurés professionnellement.
Les syndicats de taxis ont appelé au "calme" et à "ne pas répondre aux provocations", alors que le climat s'est tendu avec plusieurs agressions récentes de clients ou de chauffeurs UberPOP, à Nice, Lyon et Strasbourg.
Craignant que ses chauffeurs professionnels soient assimilés à des conducteurs UberPOP, la société de VTC Allocab a même demandé à ses employés de ne pas mettre de costume jeudi et de demander à leurs clients de s'asseoir à l'avant.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait lancé mardi "un appel au calme", en soulignant qu'UberPOP était en "situation d'illégalité absolue".
Le procureur de Paris, François Molins, a également promis de "rehausser le niveau de la réponse pénale, notamment à l'égard des réitérants et des récidivistes".
Le groupe Uber est visé depuis fin 2014 par une enquête préliminaire à Paris, pour organisation illégale d'un "système de mise en relation de clients avec des personnes qui se livrent au transport routier" de passagers "à titre onéreux".
Aux termes de la loi Thévenoud, votée en octobre 2014, les conducteurs qui ne sont pas enregistrés comme chauffeur de taxi ou VTC encourent jusqu'à un an de prison, 15.000 euros d'amende, la suspension du permis et la confiscation du véhicule.
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