Les négociations entre la Grèce et ses créanciers étaient une nouvelle fois sur le fil du rasoir avec une réunion de la zone euro ajournée mercredi, toujours sans l'once d'un accord pour éviter au pays un défaut de paiement qui se rapproche inexorablement.
La réunion des ministres des Finances de la zone euro, qui avait été convoquée lundi en urgence, s'est terminée en à peine une heure mercredi. Elle reprendra jeudi à la mi-journée, avant un sommet européen prévu de longue date.
"C'est fini pour aujourd'hui. L'Eurogroupe reprendra demain à 13H00" locales (11h00 GMT), a indiqué sur son compte Twitter le ministre finlandais Alexander Stubb, qui a cependant balayé l'idée d'une "perte de temps".
"Nous ne sommes pas encore parvenus à un accord, mais nous sommes déterminés à continuer à travailler pour faire ce qui est nécessaire. Nous ajournons la réunion et nous nous retrouverons demain à 13H00", a déclaré à sa sortie le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
Cette réunion, la troisième en une semaine, avait peu de chances d'aboutir en l'absence de document sur la table pouvant constituer une ébauche d'accord.
"Nous n'avons pas vu de proposition concrète", a dit M. Stubb, après plusieurs heures de négociations au préalable entre le Premier ministre grec Alexis Tsipras et les créanciers du pays, dont Christine Lagarde, la patronne du FMI et Mario Draghi, le président de la BCE.
"Le niveau de préparation ne rend pas optimiste sur l'obtention d'un résultat ce soir", avait prévenu l'Allemand Wolfgang Schäuble, un peu moins de six jours avant la date-butoir d'un remboursement au FMI qui alimente les craintes de défaut de paiement du pays.
Le déblocage d'une tranche d'un prêt en suspens depuis presque un an, de 7,2 milliards d'euros, ou à défaut un geste financier de la BCE sera nécessaire pour qu'Athènes honore cette échéance.
Pour l'obtenir, le gouvernement grec doit se mettre d'accord avec ses créanciers, UE et FMI, sur des réformes et des mesures d'économies budgétaires.
- 'Travailler la nuit et toute la journée' -
Selon une source européenne, les discussions entre M. Tsipras et les créanciers devaient se poursuivre dans la soirée à Bruxelles, pour tenter de rapprocher leurs positions sur la liste de réformes que le pays doit entreprendre. Outre le patron de la Commission, Jean-Claude Juncker, les commissaires Pierre Moscovici (Affaires économiques) et Valdis Dombrovskis (Euro) devraient prendre part à ces négociations, ainsi que M. Dijsselbloem.
"On va travailler cette nuit et demain toute la journée" et l'Eurogroupe "reprendra, je l'espère, avec un accord", a indiqué M. Moscovici.
Avant la réunion de l'Eurogroupe, M. Tsipras avait été convié à Bruxelles pour rencontrer M. Juncker, les dirigeants de la BCE et du FMI, ainsi que M. Dijsselbloem. Cette réunion s'est éternisée en raison de divergences persistantes.
Un des points de blocage vient du fait que la Grèce "insiste pour obtenir un transfert d'une partie de sa dette" détenue par la Banque centrale européenne vers le fonds de soutien de la zone euro, le MES, à des taux et des conditions plus intéressantes pour elle, a indiqué le ministre autrichien des Finances, Hans-Jörg Schelling. "Pour de nombreux pays, c'est un troisième programme (d'assistance) déguisé", a-t-il souligné.
La question de la viabilité de la dette doit être "abordée" dans les discussions en cours, qui portent sur la survie financière immédiate de la Grèce, a estimé le ministre français Michel Sapin, même si ce n'est pas le dossier "le plus urgent". Mais dans l'ensemble, les Européens freinent des quatre fers sur ce dossier et se refusent à une solution qui serait synonyme pour eux de pertes financières.
Les négociations sont également difficiles en raison de la position du FMI, selon Athènes, qui accuse l'institution de Washington d'intransigeance "criminelle".
M. Tsipras s'en est d'ailleurs pris clairement au FMI mercredi en déplorant "l'insistance de certaines institutions (les créanciers, NDLR) qui n'acceptent pas des mesures compensatoires" présentées par la Grèce en vue d'obtenir l'aide financière nécessaire à sa survie.
"Cette position étrange cache deux éventualités: soit (ces institutions) ne veulent pas d'accord soit elles servent des intérêts spécifiques en Grèce", a-t-il lancé.
Afin d'obtenir l'aide en question, la Grèce a présenté lundi de nouvelles propositions, reposant surtout sur une hausse d'impôts et de taxes, qui prévoient pour huit milliards d'euros d'efforts budgétaires supplémentaires à effectuer en 2015 et 2016.
Mais elles ne conviennent pas à ses créanciers qui ont fait une contre-offre, assez éloignée, notamment sur les retraites et la TVA, que le gouvernement grec a à son tour rejetée.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.