La France s'est indignée mercredi des pratiques "inacceptables" et "incompréhensibles" des services secrets américains qui ont écouté pendant des années les présidents français.
François Hollande a réagi vivement, dès la publication mardi soir par la presse de notes compromettantes pour la National Security Agency (NSA), décidant de réunir dans l'urgence un conseil de défense tandis que l'ambassadrice américaine était convoquée au Quai d'Orsay en fin d'après-midi.
Le chef de l'Etat français devait s'entretenir "dans la journée" avec son homologue américain Barack Obama, ont indiqué des parlementaires reçus dans la foulée du Conseil des ministres par le président, qui leur a dit attendre de M. Obama qu'il "réitère" les engagements" de 2013 de Washington de ne plus procéder au "ciblage des autorités françaises". M. Hollande a assuré que Paris "n'autorisait pas" ce genre de pratiques à l'encontre de dirigeants étrangers.
La France "ne tolèrera aucun agissement mettant en cause sa sécurité", a déclaré l'Elysée à l'issue du conseil de défense.
Ces faits sont "incompréhensibles entre pays alliés", a renchéri le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll qui a annoncé que le coordonnateur national du renseignement français, Didier Le Bret, se rendrait "dans les jours qui viennent" aux Etats-Unis.
M. Le Bret devra s'assurer que les "engagements pris" par Washington après les premières révélations sur les écoutes américaines en 2013 étaient "vérifiés, respectés et appliqués", a poursuivi Stéphane Le Foll, assurant que la France, pour sa part, "n'écoute pas ses alliés".
Dès 09H00, les principaux ministres concernés, les responsables militaires et les maîtres espions français s'étaient retrouvés aux côtés du chef de l'Etat pour "évaluer sur tous les plans la totalité des informations" et "prévoir la réaction utile", selon l'entourage du président.
Autour de François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls, des ministres (Affaires étrangères, Défense, Intérieur, porte-parole), la plupart des responsables des "services" (DGSE, DGSI, Coordonnateur national du renseignement et SGDSN), le chef d'état-major des armées et le chef d'état-major particulier du président.
Ces événements surviennent le jour même où le Parlement doit adopter définitivement un projet controversé sur le renseignement qui légalise, selon ses détracteurs, des pratiques contestables des services au nom de l'antiterrorisme.
Selon les documents de WikiLeaks publiés mardi soir par Libération et Médiapart, les trois derniers présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, mais aussi des ministres et parlementaires ont été espionnés par les Etats-Unis, au moins de 2006 à 2012.
Ces révélations jettent un nouveau jour sur l'ampleur des écoutes conduites par la NSA, mais aussi la vulnérabilité des systèmes de communication gouvernementaux français.
Au coeur de l'affaire Snowden, en 2013, François Hollande l'assurait: "Nous avons pris toutes les dispositions, j'allais dire dès mon arrivée aux responsabilités, pour que, tout en gardant un téléphone, il puisse rester sécurisé".
Parmi les réactions les plus vives, l'eurodéputé Renaud Muselier (Les Républicains) a appelé à "renvoyer l'ambassadeur" américain à Paris. Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), et la présidente du FN Marine Le Pen ont réclamé l'arrêt des négociations sur le traité de libre échange UE-USA.
Sur ce point, Stéphane Le Foll a cependant appelé à garder "la mesure", semblant exclure une telle hypothèse.
"Il faut une explication de texte au plus haut niveau", a jugé pout sa part le député (LR) Pierre Lellouche, l'un des espionnés.
- "Les Français ont le droit de savoir" -
La Maison Blanche a assuré mardi soir qu'elle ne "ciblait pas" les communications du président Hollande et ne le ferait pas à l'avenir, mais sans évoquer le le passé.
"Les Français ont le droit de savoir que le gouvernement qu'ils ont élu fait l'objet d'une surveillance hostile de la part d'un allié supposé", a déclaré sur le site de Wikileaks son fondateur, Julian Assange, reclus dans l'ambassade d'Equateur à Londres depuis trois ans. Selon lui aussi, "les lecteurs français peuvent s'attendre prochainement à d'autres révélations précises et importantes".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.