Les bonnes nouvelles pour la croissance économique et la réduction du déficit continuent de rythmer l'année 2015, au grand soulagement du gouvernement qui commence à voir ses mesures pro-entreprises porter leurs fruits.
L'Insee a confirmé mercredi que la France avait affiché une solide croissance en début d'année, et indiqué que les entreprises, dotées de meilleures marges, avaient un peu augmenté leurs investissements.
Le produit intérieur brut a bien augmenté de 0,6% au premier trimestre, soit mieux que prévu, et l'Insee a par ailleurs révisé à la hausse (+0,1%) la croissance du PIB du dernier trimestre 2014, dans un communiqué qui détaille de premières estimations livrées le 13 mai dernier.
Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques, le commerce extérieur a apporté une contribution négative à la croissance (-0,5 point de PIB) au premier trimestre, après +0,2 au dernier trimestre 2014. La consommation des ménages, traditionnel point fort de la France, a en revanche contribué à la croissance pour 0,5 point de PIB.
Il ressort des tableaux de l'Insee que les entreprises françaises, généralement très mal classées en la matière par rapport à leurs concurrentes internationales, ont vu leur taux de marge s'améliorer en début d'année, atteignant 31,1%, leur plus haut niveau depuis début 2011.
- "On peut se remettre à courir" -
Par ailleurs l'investissement des entreprises, considéré par les économistes comme l'indicateur le plus sûr d'une reprise durable, a un peu progressé, de 0,3% au premier trimestre, alors qu'il avait fléchi en fin d'année dernière.
Ces annonces sont de nature à conforter le gouvernement, qui a multiplié les initiatives destinées à soutenir la rentabilité des entreprises et à encourager les investissements. L'exécutif espère désormais que ce léger mieux fera reculer le chômage.
Le ministre des Finances, Michel Sapin, a estimé mercredi que ces marges renforcées devaient "permettre d'investir et embaucher".
"On ne boîte plus, on peut se remettre à courir", a quant à lui assuré Pascal Faure, qui pilote à Bercy la direction générale des entreprises.
M. Sapin a également jugé que la prévision gouvernementale d'une croissance de 1% cette année était "confortée".
Pour la majorité des économistes, la croissance devrait même être supérieure et tourner autour de 1,2% en moyenne en 2015. C'est d'ailleurs la prévision de l'Insee.
Le mieux économique, impuissant jusqu'ici face au chômage, ne suffit pas non plus pour l'instant à faire baisser le déficit public: il s'est établi à 4% du PIB au premier trimestre contre 3,9% an dernier trimestre de 2014. Sur l'ensemble de l'année, la France entend le ramener à 3,8%.
Sur ce sujet, la Cour des comptes a estimé mercredi qu'il existait des "risques réels" de dérapage des dépenses publiques en 2015 et appelé à "une intensification des réformes structurelles et des efforts d'économies" en cours d'année.
Son président Didier Migaud, présentant le rapport de l'institution sur la situation et les perspectives des Finances publique, a estimé que l'effort sur le déficit public (de 4% du PIB en 2014 à 3,8% en 2015) restait "faible au regard de la situation économique, celle d'une certaine reprise de la croissance".
Parmi les "risques" invoqués, figure l'aléa de la non-livraison des navires Mistral à la Fédération de Russie - qui va entraîner un remboursement conséquent - et la vente des fréquences hertziennes si celle-ci devait être reportée à 2016.
Elle estime en outre que les 8 milliards de crédits gelés par le gouvernement pour 2015 afin de faire face aux dépenses imprévues ne serviront qu'en partie à compenser cet éventuel dérapage.
"Nous n'avons pas d'inquiétude particulière à ce stade de l'année, pas de raison de s'inquiéter" sur la tenue de la norme de dépense, a réagi le ministère des Finances, évoquant une gestion tendue "classique" en milieu d'année.
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