Vendredi face à la redoutable Allemagne, l'équipe de France féminine de football jouera un peu plus qu'une place en demi-finale du Mondial. Car une victoire permettrait d'asseoir encore le développement d'une discipline qui s'est professionnalisée mais dont l'ancrage reste fragile.
Il y a quatre ans, avant le Mondial-2011 en Allemagne, Gaëtane Thiney expliquait à l'AFP comment le foot lui rapportait "100 euros de prime de victoire" et racontait les textos reçus dans la journée pour indiquer le lieu de l'entraînement du soir, à 19h30.
Elise Bussaglia, qui par son but contre l'Angleterre avait ouvert aux Bleues le chemin des demi-finales, parlait elle de son travail de professeure des écoles. "La saison dernière, j'avais ma classe jusqu'à 16h30 et après il y avait encore du boulot."
L'attaquante est toujours à Juvisy, club resté amateur mais où les choses ont tout de même beaucoup évolué. La milieu de terrain, elle, a pris le virage du professionnalisme en rejoignant Lyon, qu'elle quittera cet été pour aller jouer en Allemagne à Wolfsburg.
En quatre ans, le football féminin français a largement changé de visage, comme le prouvent les premiers transferts onéreux de joueuses, par exemple ceux de Marie-Laure Delie au Paris SG ou de la jeune Griedge Mbock Bathy à Lyon, estimé à 100.000 euros, très loin des montants atteints chez les hommes.
Les agents ont aussi fait leur apparition dans le décor plutôt tranquille du football féminin, mais les comparaisons s'arrêtent là avec le monde des garçons.
Avec 85.000 licenciées (30.000 de plus qu'en 2011), la discipline reste en effet en développement et largement tributaire des performances des locomotives que sont Lyon, le PSG et, bien sûr, les Bleues.
"On sait que notre sport ne se développera que par les résultats", a ainsi reconnu la milieu de terrain de l'équipe de France Kenza Dali après la qualification des Bleues pour les 8e de finale du Mondial.
"On est à un moment charnière. Il y a cette Coupe du Monde, un Euro ensuite où elles seront très ambitieuses et on peut faire une équipe énorme pour 2019", estime de son côté le sélectionneur Philippe Bergeroo.
- records d'audience -
Les Bleues ont donc une obligation de résultats pour entretenir la flamme médiatique et le courant de sympathie qui les accompagnent depuis 2011 et leur émergence dans le paysage sportif français.
"Quand j'ai pris l'équipe, il n'y avait pas autant de monde. Il y a les résultats et les contenus des matches, surtout, qui sont appréciés des médias et des supporters", précise Bergeroo.
Malgré le décalage horaire défavorable, le parcours canadien des partenaires de Wendie Renard est d'ailleurs un joli succès pour les diffuseurs Eurosport et W9, qui a battu son record d'audience avec le match contre la Corée du Sud.
"On sent cet engouement, on voit qu'il y a des records d'audience. C'est bien que les gens nous suivent, on en a besoin", assure la latérale Jessica Houara d'Hommeaux.
Alors quel impact pourrait avoir une élimination vendredi face à l'Allemagne ?
"Je ne pense pas que ce serait un coup d'arrêt. Le foot féminin se développe dans le monde entier. Et puis nos jeunes ont du talent, on le voit avec les résultats des U19 et U17", assure le président de la fédération Noël Le Graët, très présent auprès des Bleues au Canada.
"Je pense que les 100.000 licenciées pourraient être atteints plus vite que prévu", ajoute le Breton, en référence à l'objectif majeur du plan de féminisation lancé par la "3F" en 2011.
"Ce Mondial puis 2019, oui, c'est un tournant, mais pas à 90 degrés. Le premier virage a été pris et bien pris", estime de son côté la responsable de ce plan, Brigitte Henriques, secrétaire générale de la fédération.
Et maintenant que le virage est pris, les Bleues ont le droit d?accélérer. Avec une victoire face à l'Allemagne, N.1 mondiale, par exemple.
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