A deux jours d'une manifestation nationale de taxis en colère contre UberPOP, le gouvernement français a haussé le ton mardi, menant une nouvelle charge contre cette application mobile décriée, dans un contexte tendu illustré par deux agressions à Lyon et à Nice.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a lancé "un appel au calme" mardi soir. "Force doit rester à la loi, et rien ne justifie des actes de violence. Dans un Etat de droit, nul ne peut se faire justice soi-même", a-t-il dit dans un communiqué.
Dans l'après-midi, il avait sonné la charge à l'Assemblée nationale, martelant qu'UberPOP, application qui organise le transport entre particuliers, se trouvait en "situation d'illégalité absolue".
Alors que les syndicats de taxis ont appelé à des manifestations jeudi pour protester contre UberPOP, Bernard Cazeneuve a voulu les rassurer en affirmant que le gouvernement allait activer ses services anti-fraude pour lutter contre ce service.
Le gouvernement considère "que le droit doit passer et que les règles de la concurrence doivent être respectées", a-t-il dit.
Les usagers d'UberPOP "doivent avoir conscience qu?ils prennent eux-mêmes des risques", en se faisant conduire par des chauffeurs non professionnels, insiste-t-il dans le communiqué.
A Paris, le préfet de police Bernard Boucault et le procureur de la République François Molins, lors d'une conférence de presse commune, ont de leur côté prévenu d'une plus grande sévérité à venir envers les chauffeurs UberPOP.
"Nous (allons) rehausser le niveau de la réponse pénale, notamment à l'égard des réitérants et des récidivistes, en passant à des réponses plus dures se traduisant par des déferrements au parquet et par des saisies de véhicules", a assuré François Molins.
- Contrôles acrus -
Cette mise au point des autorités intervient alors que le climat s'est brusquement tendu.
A Lyon, un homme a dit avoir été passé à tabac dans la nuit de samedi à dimanche par des chauffeurs de taxis après avoir fait une réflexion au sujet d'UberPOP. Ses avocats ont appelé mardi soir les témoins de la scène à se manifester.
A Nice, quelques jours plus tôt, un chauffeur UberPOP avait porté plainte, assurant avoir été agressé par des taxis dans la nuit du 15 au 16 juin. Six chauffeurs de taxis ont été placés quelques heures en garde à vue mardi dans cette affaire avant d'être remis en liberté.
"Si des actes de violence sont commis par des taxis contre des chauffeurs, la justice prendra ses responsabilités et le parquet de Paris saura être là pour engager des poursuites rapides", a assuré le procureur de Paris.
Le préfet de police a dit avoir engagé "une série de contrôles qui seront encore accrus", assurant avoir donné des instructions "pour constater ces violences d'où qu'elles viennent ()". Pour l'instant, "aucune plainte" n'a été déposée à Paris pour ce genre de faits, a-t-il dit.
Depuis plusieurs mois, le groupe américain des voitures de transport avec chauffeur (VTC) Uber s'est engagé dans un bras de fer avec l'Etat, autour de son application mobile UberPOP qui met en relation des passagers et des conducteurs qui sont de simples particuliers.
Uber est visé par une enquête préliminaire ouverte en novembre 2014 par le parquet de Paris, notamment pour organisation illégale d'un "système de mise en relation de clients avec des personnes qui se livrent au transport routier" de passagers "à titre onéreux".
"Des investigations sont en cours () et l'enquête devrait trouver un épilogue je pense dans les prochaines semaines", a expliqué M. Molins, estimant qu'il était "trop tôt" pour répondre à une question sur une éventuelle interdiction de l'application.
Par ailleurs, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative au fonctionnement d'UberPOP va être transmise au Conseil constitutionnel par la Cour de cassation, selon une décision rendue mardi et consultée par l'AFP.
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