Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a indiqué mardi qu'il n'avait "pas de religion" sur la nécessité d'avoir trois ou quatre opérateurs de télécoms en France alors qu'il doit recevoir dans la soirée le patron d'Altice Patrick Drahi pour évoquer son offre sur Bouygues Telecom.
"Je n'ai pas de religion sur la question de savoir s'il faut trois ou quatre opérateurs en France", a-t-il indiqué à la conférence annuelle de l'Electronic Business Group (EBG) alors qu'il s'était prononcé dimanche contre une consolidation du marché.
M. Macron a expliqué qu'il allait "écouter" M. Drahi présenter ses arguments. "Il faut qu'on m'explique ce que ça apporte à l'investissement, ce que ça apporte à l'emploi, ce que ça apporte au consommateur français" mais "à ce stade j'ai plutôt un doute", a-t-il souligné.
Emmanuel Macron a relevé que pour le gouvernement "la priorité, c'était l'investissement" dans les réseaux et "qu'on pouvait le faire à quatre" opérateurs.
"Je dis: prouvez moi que [cette transaction] est une bonne chose pour l'investissement, à court terme j'en doute." "J'ai regardé ce qu'a donné le +deal+ SFR-Numericable, on a plutôt pris du retard en termes d'investissement, je préfère d'abord qu'on stabilise une opération qu'on a menée il y a 18 mois et qu'on regarde ce qu'elle donne."
Se pose aussi la question de l'emploi, a-t-il insisté: "C'est un +deal+ super synergétique, c'est le +deal+ le plus synergétique de ces vingt dernières années, on sait ce que ça veut dire des synergies, soit on fera moins d'investissements, soit on va détruire des emplois via des synergies, soit on va remonter les prix parce qu'on sera à trois et pas à quatre et qu'il y aura moins de concurrence."
Interrogé au cours des questions à l'Assemblée nationale, le ministre a répété qu'il était "à peu près évident qu'il y aura des destructions d'emploi à cause de cette opération".
C'est "une offre qui va trop vite" après l'acquisition de SFR par Numericable et sa maison mère Altice. Et "l'Etat a un rôle à jouer en la matière", a-t-il insisté même si en cas d'accord entre les opérateurs c'est l'Autorité de la concurrence qui devra trancher pour autoriser ou non l'opération.
Dans une déclaration à l'AFP dimanche, le ministre avait dit à la suite d'informations de presse sur l'offre d'Altice sur Bouygues Telecom qu'"une consolidation" dans le secteur des télécoms n'était "pas souhaitable".
En mai, il avait estimé dans une interview aux Echos que "le secteur avait atteint un point d'équilibre", avec "quatre opérateurs qui avaient chacun leur place".
Le groupe Altice, propriété de l'homme d'affaires franco-israélien Patrick Drahi et maison-mère de Numericable-SFR, a confirmé lundi avoir fait une offre pour son concurrent Bouygues Telecom, qui prévoit de réunir son conseil d'administration mardi pour en discuter.
Une telle offre, si elle aboutit, chamboulera profondément le paysage des télécoms français et surtout celui de la téléphonie mobile, qui était passé de trois à quatre opérateurs en janvier 2012 avec l'arrivée fracassante de Free Mobile.
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