Alain Thébault et son équipe ont quitté lundi Los Angeles à bord de leur trimaran ailé, l'Hydroptère, pour rejoindre Honolulu et tenter de battre le record sur cette traversée même si le navigateur admet que ce sera "difficile".
"Il n'est pas exclu qu'on le batte ce record, mais devant tant de difficultés il vaut mieux rester humble. C'est quand même un prototype, on s'est déjà écrasé à quatre reprises" en 20 ans, souligne Thébault, interrogé lundi par l'AFP, quelques minutes avant de larguer les amarres.
L'Hydroptère a déjà battu un record de vitesse à la voile en 2009 à plus de 50 n?uds (92,6 km/heure) mais "c'était sur mer plate", note Alain Thébault.
Cette fois, son équipage de six personnes au total va tenter de faire cette traversée en moins de quatre jours, 19 heures et 31 minutes, record établi par Olivier de Kersauson en novembre 2005.
"Si je pouvais casser ce record ça me ferait plaisir, c'est peu probable, ce qui compte, c'est le message, arriver en bateau qui vole à Hawaï" pour rejoindre l'avion Solar Impulse, insiste le navigateur français depuis un ponton de la marina de San Pedro, dans la banlieue de Los Angeles.
Cet avion solaire piloté alternativement par les Suisses André Borschberg et Bertrand Picard doit quitter le Japon mardi, indique-t-il.
Le but dorénavant affiché des deux équipes sponsorisées en partie par la Fondation Prince Albert II de Monaco est de se retrouver à Hawaï pour "promouvoir les énergies propres", le solaire et l'éolien, au lieu des "énergies fossiles et faciles", poursuit le navigateur pionnier.
L'Hydroptère, un trimaran de 18,28 mètres, flotte à l'arrêt ou à faible vitesse mais quand le vent accélère, il se dresse sur ses ailes, repliées à 45 degrés sous les foils.
Avec seulement "deux mètres carrés de frottement sur l'eau", le trimaran peut filer deux fois plus vite que le vent. Mais pour cette traversée, l'objectif principal est de garder une vitesse "raisonnable" de 25 noeuds environ, affirme Thébault.
Lui et son équipage mené par son coéquipier Jacques Vincent, fort de huit tours du monde, vont devoir affronter "trois mètres de houle derrière les îles Catalina", à la sortie de San Pedro, ensuite, puis longer le 'Pacifique garbage patch'", une plaque de déchets au milieu de l'océan "grande comme le Texas".
Parmi les difficultés rencontrées avant de partir: outre un financement périlleux - Thébault a vendu sa maison et dit ne pas savoir "comment on va payer les billets de retour" - le Breton de 52 ans aux yeux bleus et au large sourire met en avant une météo perturbée par un changement climatique qu'il dit bien réel: "les schémas météo qu'on avait dans notre enfance ne sont plus les mêmes, il y a beaucoup plus de violence", assure-t-il.
Depuis que Thébault et celui qui fut son mentor, le mythique Eric Tabarly - qui avait imaginé un prototype expérimental de trimaran à foils dès 1979 - ont fait "voler" l'Hydroptère pour la première fois en 1994, ils ont fait des émules et les multicoques volants se sont multipliés.
Thébault, lui, travaille déjà sur un prochain prototype qui devrait être capable d'aller jusqu'à 80 à 100 noeuds (150 à 180 km/h) et sur un prototype commercial capable de "filer à 25-30 noeuds".
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