La Grèce a une chance de s'entendre avec ses créanciers "cette semaine" pour éviter le défaut de paiement, et malgré l'absence d'accord lundi, l'optimisme dominait avant la tenue d'un sommet exceptionnel de la zone euro dans la soirée.
"Mon but est d'avoir un accord d'ici la fin de la semaine. Nous travaillons pour cela jour et nuit", a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à son arrivée au sommet à Bruxelles.
Le gouvernement grec a présenté dans la nuit de dimanche à lundi des propositions qui constituent "une base pour reprendre les discussions et obtenir un résultat dans les jours qui viennent", a déclaré, également optimiste, le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, après une réunion expéditive des ministres des Finances de la zone euro.
Les Bourses européennes ont accueilli avec enthousiasme ces déclarations. Vers 14H30 GMT, Paris prenait 3,45% et Francfort 3,41%. La Bourse d'Athènes s'est envolée de 9%.
Cette réunion avait été convoquée pour préparer un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 19 plus tard dans la soirée, dont plus personne n'attend un accord, mais une "impulsion politique".
"Le but n'est pas, et n'a jamais été de trouver un accord technique au sommet de la zone euro", a rappelé Preben Aamann, porte-parole du Conseil européen. "L'objectif est d'avoir un débat politique franc entre dirigeants. Cela nourrira, et espérons-le, accélérera ensuite les discussions techniques dans les quelques jours qui restent", a-t-il dit.
"Nous avons reçu assez tardivement" les propositions grecques, a expliqué Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge des Affaires économiques. "C'est une bonne base, mais il reste du travail à faire", comme "vérifier la cohérence de l'ensemble".
Une nouvelle réunion des ministres des Finances de la zone euro est attendue cette semaine, probablement mercredi, ou sinon jeudi, date où se tiendra aussi un sommet européen, prévu de longue date et consacré notamment à la question des migrants.
- Engagements signés -
Dès leur arrivée à Bruxelles, les ministres des Finances, qui s'étaient déjà rencontrés jeudi à Luxembourg, se sont empressés de rafraîchir les espoirs des plus optimistes en disant ne pas attendre de "percée" lundi.
L'Allemand Wolfgang Schäuble, souvent l'un des plus durs envers Athènes, a carrément estimé que la Grèce n'avait pas présenté de "propositions substantielles" au cours du week-end. Dans ces conditions, le sommet exceptionnel de la zone euro prévu lundi soir "ne pourra être qu'un sommet de consultation", avait averti à Berlin la chancelière Angela Merkel.
Le président français François Hollande avait, lui, espéré que les "bases" seraient posées pour "qu'un accord soit possible dans les prochains jours".
La Grèce doit rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin mais ses caisses sont quasiment vides. Elle a cruellement besoin de l'argent promis par les créanciers (7,2 milliards d'euros) mais doit d'abord trouver un accord avec eux sur les réformes et les mesures budgétaires à mettre en place. Sinon, le pays sera en défaut de paiement et risque d'être évincé de la zone euro, un scénario aux conséquences dévastatrices.
Le contenu des nouvelles propositions grecques n'a pas été dévoilé mais le Premier ministre Alexis Tsipras a réaffirmé que les "clés d'un accord" avec les créanciers portaient sur le niveau de l'excédent budgétaire primaire, les retraites, le prix de l'électricité et le rétablissement de la "normalité" du droit du travail.
Il n'a pas mentionné en revanche deux autres points présentés comme indispensables par la partie grecque et encore réaffirmés tout au long du week-end: un programme d'allègement de la dette publique du pays et un plan d'investissement pour encourager la reprise économique.
"Pour la première fois, il y a des engagements signés par le Premier ministre grec", a confié une source proche des discussions. "Il reste du mouvement à faire sur la TVA, mais ça a bougé sur les retraites", a-t-elle souligné. Les propositions sont "complètes et détaillées", a confirmé M. Dijsselbloem.
Avant le sommet, prévu à 17H00 GMT, le Premier ministre grec a rencontré en petit comité Christine Lagarde, la patronne du FMI, un membre du directoire de la BCE, Benoit Coeuré, M. Dijsselbloem et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui joue volontiers le rôle de médiateur dans ces difficiles négociations.
L'heure presse: la situation des banques grecques inquiète, avec une accélération des retraits des épargnants au cours des derniers jours. M. Tsipras doit d'ailleurs rencontrer en aparté Mario Draghi, le patron de la BCE, en fin d'après-midi, selon le gouvernement grec.
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