Les ministres des Finances de la zone euro ont douché les espoirs d'un accord dès lundi entre la Grèce et ses créanciers, à l'orée d'une semaine marathon pour éviter au pays le défaut de paiement qui se rapproche inexorablement, malgré les nouvelles propositions faites dans la nuit par Athènes.
Mettant fin à un certain optimisme ambiant, l'Allemand Wolfgang Schäuble a estimé que la Grèce n'avait pas présenté de "propositions substantielles" depuis une précédente réunion des ministres des Finances de la zone euro jeudi à Luxembourg.
Dans ces conditions, le sommet exceptionnel de la zone euro qui suivra lundi soir la réunion de l'Eurogroupe, entamé à la mi-journée à Bruxelles, "ne pourra être qu'un sommet de consultation", a averti à Berlin la chancelière Angela Merkel. Le président français François Hollande a espéré que les "bases" seraient posées pour "qu'un accord soit possible dans les prochains jours".
La Grèce doit rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin mais ses caisses sont quasiment vides. Elle a donc cruellement besoin de l'argent promis par les créanciers (7,2 milliards d'euros) mais doit d'abord trouver un accord avec eux sur les réformes et les mesures budgétaires à mettre en place. Sinon, le pays sera en défaut de paiement et risque d'être évincé de la zone euro, un scénario aux conséquences dévastatrices.
Lundi sera l'occasion de faire "une première estimation", c'est "une bonne base" pour d'autres discussions, a estimé le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
L'idée d'une autre réunion ministérielle est déjà sur toutes les lèvres. Elle se tiendrait dès mercredi ou jeudi, jour d'un sommet européen prévu de longue date. "Il faudra qu'un jour je réfléchisse à qui prend en charge les coûts des déplacements " à Bruxelles, a d'ailleurs lancé l'Autrichien Hans-Jörg Schelling, alors que les réunions se multiplient depuis deux semaines pour "sauver" la Grèce.
La préparation de celle de lundi "n'a pas été idéale", a estimé l'Irlandais Michael Noonan, tandis que l'Espagnol Luis De Guindos a jugé qu'"il reste peu de temps, mais il en reste".
- 'Le sort de l'euro se joue' -
Dans la nuit de dimanche à lundi, Athènes a pourtant fait parvenir de nouvelles propositions de réformes et d'économies budgétaires, vues à Bruxelles comme "une bonne base pour faire des progrès au sommet de la zone euro".
Le contenu de ces propositions n'a pas été dévoilé mais le Premier ministre grec Alexis Tsipras a réaffirmé que les "clés d'un accord" avec les créanciers portaient sur le niveau de l'excédent budgétaire primaire, les retraites, le prix de l'électricité et le rétablissement de la "normalité" du droit du travail.
Il n'a pas mentionné en revanche deux autres points présentés comme indispensables par la partie grecque et encore réaffirmés tout au long du week-end: un programme d'allègement de la dette publique du pays et un plan d'investissement pour encourager la reprise économique.
"Pour la première fois, il y a des engagements signés par le Premier ministre grec", a confié une source proche des discussions. "Il reste du mouvement à faire sur la TVA, mais ça a bougé sur les retraites", a-t-elle souligné.
"Le sort de la Grèce, de l'euro se joue en bonne part aujourd'hui", a estimé Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques.
Des déclarations qui ont suscité l'enthousiasme sur les places financières en Europe. Vers 12H15 GMT, Paris prenait 2,62%, Francfort 2,90% et Athènes s'envolait de plus de 6,33%
Mais le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est lui montré plus prudent. "Nous n'y sommes pas encore", a-t-il affirmé en accueillant chaleureusement M. Tsipras.
Avant le sommet prévu dans la soirée, le Premier ministre grec a rencontré en petit comité Christine Lagarde, la patronne du FMI, un membre du directoire de la BCE, Benoit Coeuré, MM. Dijsselbloem et Juncker, qui joue volontiers le rôle de médiateur dans ces difficiles négociations.
L'heure presse: la situation des banques grecques inquiète, avec une accélération des retraits des épargnants au cours des derniers jours.
"Une des raisons pour lesquelles nous devons agir aujourd'hui c'est pour éviter que les épargnants soient spoliés", a souligné M. Moscovici. Le conseil des gouverneurs de la BCE a relevé lundi matin l'aide d'urgence aux banques grecques, lors d'une réunion extraordinaire.
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