Le Français Serge Atlaoui, condamné à mort pour trafic de drogue en Indonésie, a essuyé un nouveau revers après le rejet lundi d'un recours administratif, mais ses avocats envisagent d'autres procédures tandis qu'aucune exécution n'est prévue dans l'immédiat.
Incarcéré depuis dix ans dans ce pays d'Asie du Sud-Est, Serge Atlaoui, 51 ans, contestait le refus du président indonésien de lui accorder une grâce après sa condamnation en 2007 à la peine capitale pour trafic de drogue, et réclamait que la justice examine son dossier au fond.
Il était initialement prévu que Serge Atlaoui soit exécuté le 29 avril avec huit autres condamnés à mort pour trafic de drogue dans le cadre d'affaires distinctes -- deux Australiens, un Brésilien, quatre Africains et un Indonésien --, mais son nom avait été retiré de la liste au dernier moment, les autorités invoquant alors cette procédure en cours.
Lundi, la Cour administrative de Jakarta a confirmé la décision d'un tribunal de première instance qui s'était déclaré incompétent début avril: "Nous rejetons le recours du demandeur, a déclaré le président de la cour, Ujang Abdullah.
Cette décision était attendue dans la mesure où des recours semblables introduits par d'autres condamnés à mort en Indonésie ont été rejetés par le passé par cette juridiction qui s'était déclaré incompétente.
Les avocates indonésiennes du Français avaient fait valoir que le chef de l'Etat n'avait pas examiné le dossier de Serge Atlaoui avant de rejeter sa demande de grâce, et tenté de convaincre la Cour administrative de se prononcer sur le fond de l'affaire. En vain.
"Nous sommes déçus par cette décision mais nous allons trouver d'autres voies de recours", a déclaré l'avocate Nancy Yuliana, sans être en mesure de préciser quelle serait la prochaine initiative.
- Ton prudent du parquet -
Le parquet général d'Indonésie, qui gère les exécutions de condamnés à mort, a en revanche salué la décision tout en indiquant que de nouvelles exécutions n'étaient pas prévues dans l'immédiat.
"Nous saluons bien entendu cette décision", a déclaré à l'AFP le porte-parole du parquet général, Tony Spontana, tout en écartant le spectre de nouvelles exécutions dans l'immédiat dans le pays musulman le plus peuplé de la planète, dont la législation antidrogue est l'une des plus sévères au monde.
"C'est le mois sacré, je crois que ce ne serait pas une sage décision de procéder à des exécutions pendant le ramadan", le mois du jeûne musulman, qui s'achèvera à la mi-juillet, a ajouté M. Spontana. "Nous allons devoir examiner ce qui va se passer", a-t-il ajouté.
Ce ton contraste nettement avec les déclarations avant la vague d'exécutions du 29 avril, le parquet évoquant alors la perspective d'une troisième liste de condamnés à fusiller cette année.
Ces exécutions avaient provoqué de vives protestations internationales. Depuis, la question de nouvelles exécutions n'a quasiment plus été abordée, le parquet général se montrant prudent dans ses déclarations et apparemment moins pressé à fusiller de nouveaux condamnés.
Serge Atlaoui, soudeur de profession, affirme qu'il n'a fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, et qui abritait en réalité un laboratoire clandestin d'ecstasy.
Dans le cadre des efforts diplomatiques entrepris par la France, opposée à la peine de mort, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait écrit en avril à son homologue indonésienne en déplorant de "graves dysfonctionnements de la justice indonésienne" dans l'affaire Atlaoui.
Peu après son arrivée au pouvoir à l'automne 2014, le président indonésien, Joko Widodo, avait rejeté toutes les demandes de grâce d'étrangers et d'Indonésiens condamnés à mort pour trafic de drogue, dont la plupart son emprisonnés depuis de longues années.
Quatorze condamnés à la peine capitale pour trafic de drogue, dont 12 étrangers, ont été exécutés depuis le début de l'année. Plusieurs dizaines d'autres sont dans le couloir de la mort.
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