Les éleveurs en colère s'en sont pris à la grande distribution dans la nuit de dimanche à lundi dans le grand Ouest, déchargeant des tonnes de déchets devant les accès de nombreux centres commerciaux afin d'exiger une remontée du prix d'achat de leurs produits.
L'opération, prise à l'initiative des Jeunes agriculteurs (JA), concerne la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire, a indiqué à l'AFP David Bourdin, président des JA de la Sarthe.
Près d'une cinquantaine de grandes surfaces devaient être visées pendant la nuit dans ce seul département, a-t-il précisé, disant s'attendre à ce que près de 200 enseignes soient "visitées" dans l'ensemble des Pays de la Loire, et jusqu'à 700 dans tout le grand Ouest.
"La situation est catastrophique dans le grand Ouest. Ca fait des mois qu'on vend à perte", a-t-il déclaré, dénonçant "la pression de la grande distribution" sur les prix versés aux producteurs, particulièrement pour le lait, le porc et le boeuf.
"Dans le lait, certains producteurs vendent leur litre à 26 centimes alors que le prix de revient atteint au moins 34 centimes", a ajouté M. Bourdin.
A Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), une commune située à une vingtaine de km à l'est de Rennes, les agriculteurs ont déversé huit remorques de débris en tout genre -- pneus, palettes, gravats, fumier -- devant l'accès des livraisons d'un supermarché Leader Price, avant de bloquer également le parking sous l??il des gendarmes.
"Partagez vos marges pour sauver l'élevage", ont écrit les manifestants à la peinture rouge à l'entrée du parking.
Quatre autres bennes ont été vidées devant un magasin Super U.
Dans l'agglomération de Caen, des hypermarchés Carrefour et Leclerc ont également été visés, a constaté un photographe de l'AFP.
"Si on ne fait rien, l'élevage va disparaître de nos régions", a dénoncé un manifestant à Châteaubourg. "On arrive à un stade où l'agriculteur n'arrive plus à vivre de son métier."
Selon lui, les enseignes de la grande distribution se battent entre elles pour pratiquer les prix les plus bas possibles, mais cette guerre risque de faire disparaître les éleveurs et de se retourner contre les distributeurs qui ne trouveront plus de fournisseurs locaux.
Les éleveurs s'en sont pris ponctuellement aux grandes surfaces ces dernières semaines dans le grand Ouest mais c'est la première fois qu'ils agissent simultanément dans l'ensemble de la région.
"C'est le plus fort mouvement de colère depuis une dizaine d'années", a assuré l'agriculteur de Châteaubourg.
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