Tapis rouge et séances photos d'invités sur leur 31, heureux de célébrer la réouverture du ciné-théâtre Triomphe : le 7e art fait son retour en grandes pompes dans la capitale haïtienne.
En entrant vendredi dans la grande salle de plus de 450 places, beaucoup prennent le temps de savourer l'ambiance avant de s'assoir dans un des sièges rouges où l'emblème de la République d'Haïti a été brodé. Les lumières, la musique, le rideau devant le grand écran : rien ne manque.
"C'est une impression d'être quelque part de très normal sur la Terre," témoigne l'écrivain Emmelie Prophète, directrice du bureau haïtien des droits d'auteurs. "Ça nous a manqué."
A cause des difficultés économiques croissantes et de l'insécurité, la capitale haïtienne a vu son dernier cinéma stopper toute projection en 2009, tandis que le Ciné-théâtre Triomphe avait lui fermé ses portes en 1987.
Démoli par le séisme qui a ravagé le pays en 2010, l'établissement mythique situé au coeur de Port-au-Prince sur la place du Champ de Mars renaît donc suite à son rachat et sa reconstruction par l'Etat.
A son entrée dans le grand hall vitré, le président Michel Martelly savoure cette réouverture. "On est très content de remettre l'espace à la disposition de la population, dans un pays où les jeunes sont en quête de distractions, d'espaces sains où ils peuvent se divertir", a déclaré le chef de l'Etat accompagné de sa femme.
Délaissé pendant près de trois décennies, son entrée occupée au fil des années par les marchants informels le jour, par les sans-domiciles et les enfants des rues la nuit, le Triomphe avait été un monument de la culture nationale.
Durant les années florissantes, alors plus grande salle de spectacle de la Caraïbe, le Triomphe a vu se produire sur ses planches des stars comme Charles Aznavour et Julio Iglesias.
- 'Enfin' -
"Enfin" est le mot partagé par tous les invités triés sur le volet pour cette inauguration. "C'est tout un pan de l'enfance de gens de ma génération qui revit", s'enthousiasme la quadragénaire Emmelie Prophète. "Beaucoup d'adolescents vont pouvoir découvrir ce que veut dire +aller au cinéma+. C'est une autre manière de consommer l'art, une autre vie."
La salle plongée dans l'obscurité, le rideau se lève. Pour sa réouverture, la scène de Triomphe accueille danseurs, chanteurs, acteurs et musiciens pour un condensé des classiques haïtiens des 50 dernières années.
Danseur, chorégraphe, chanteur et prêtre vaudou, Erol Josué veut témoigner de l'importance du moment. "C'est une énorme nouvelle : il y a toujours eu la rue comme spectacle avec les tap taps", ces voitures transformées en transport en commun, sculptées et peintes de couleurs vives, sont omniprésentes dans la capitale haïtienne, "mais, en tant que pays de la culture, avoir ces salles, 5 ans après le tremblement de terre, c'est un grand moment dans l'histoire culturelle d'Haïti."
S'achevant sur un tour de chant du président Michel Martelly, star du carnaval avant son entrée en politique, la deuxième naissance du Triomphe aura néanmoins été marquée par l'absence des grandes figures du monde cinématographique haïtien.
Sur les réseaux sociaux, certains d'entre eux ont souligné le flou entourant encore la future politique artistique et la programmation de cet unique cinéma-théâtre d'Haïti.
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