Le gouvernement grec mise sur un accord avec ses créanciers au sommet européen de lundi, mais responsables européens et Etats-Unis appellent Athènes à trouver un compromis dès ce week-end pour éviter un défaut de paiement de plus en plus plausible.
Face à une situation qui devient "critique", le président du Conseil européen, Donald Tusk, a sommé la Grèce de vite s'entendre avec ses créanciers, faute de quoi elle ira "droit vers le défaut de paiement".
La Maison Blanche a également appelé à trouver d'urgence un compromis sur "un programme de réformes crédibles", par la voix de son porte-parole Eric Schultz.
Le Premier ministre Alexis Tsipras a dans l'immédiat eu ce qu'il cherchait : "Nous souhaitions que les négociations finales se déroulent au plus haut niveau politique de l'Europe et nous travaillons maintenant au succès de ce sommet", se sont félicités vendredi ses services.
Mais après l'échec à l'issue d'une nouvelle rencontre des ministres des Finances de la zone euro jeudi soir, plusieurs responsables européens avertissaient que cette réunion exceptionnelle des chefs d'Etat ou de gouvernement ne servirait à rien sans un sérieux travail préparatoire ce week-end.
"Il nous faut une forme de proposition sur la table pour le sommet", a insisté le ministre finlandais Alexander Stubb, selon lequel "la balle est clairement dans le camp grec", alors qu'Athènes juge ses propositions crédibles et refuse de trop accabler une population déjà saignée par six années de crise.
Le sommet débouchera "au mieux sur un coup d'accélérateur politique", a estimé une source bruxelloise proche des négociations, et la chancelière allemande Angela Merkel n'était pas très optimiste non plus : ce rendez-vous sera juste "consultatif" s?il n?y a pas de "base pour un accord", lié à de nouvelles concessions grecques.
"Tous ceux qui tablent sur une crise et sur le scénario de la peur seront démentis", prédisent au contraire les porte-parole du gouvernement grec, afin de rassurer et d'éviter que l'accélération des retraits bancaires constatée ces derniers jours ne tourne à la panique.
Rien que cette semaine, ce sont au moins trois milliards qui sont partis, selon la presse. A titre de comparaison, 4,7 milliards ont été retirés des banques en avril, dernier mois pour lequel les chiffres officiels sont disponibles.
En raison de ces retraits, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé vendredi, pour la deuxième fois cette semaine, le plafond de l'aide d'urgence (ELA) qu'elle accorde aux banques grecques.
- 'Je ne comprends pas Tsipras' -
Sans accord sur une série d'économies budgétaires, ce pays à court d'argent risque de ne pouvoir honorer un remboursement de quelque 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin.
A cette date, le gouvernement grec risque fort de devoir choisir entre payer le Fonds et verser salaires des fonctionnaires et retraites.
Le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a en effet déclaré jeudi qu'il était trop tard, même en cas d'accord, pour que les 7,2 milliards de prêts sur lesquels portent les négociations soient versés avant le 30 juin.
Une sortie de la Grèce de la zone d'euro est de plus en plus ouvertement évoquée, cinq ans après la mise en oeuvre du premier plan international de sauvetage de ce pays entraîné dans la crise par le poids de sa dette publique.
Un tel scénario signerait "le début de la fin de la zone euro", a jugé Alexis Tsipras, dans une interview, un risque de déflagration sur lequel il compte sans doute pour mettre ses interlocuteurs sous pression.
"Il y a tellement en jeu" qu'un échec n'est pas envisageable, a de son côté estimé le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria. Il y a notamment en jeu le remboursement des 240 milliards d'euros prêtés à la Grèce depuis 2010 et des créances principalement détenues par les Etats européens.
Alexis Tsipras devrait être de retour à Athènes samedi, après un déplacement en Russie qui n'est pas passé inaperçu à l'apogée des tensions entre l'UE et le gouvernement de gauche radicale. "Je ne comprends pas Tsipras", a confié à la presse allemande le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker
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