Au lendemain de la défaite des sociaux-démocrates, le Danemark s'est engagé vendredi dans de longues tractations pour la formation d'un gouvernement de droite, avec le parti anti-immigration DF en position de force grâce à un score historique.
Comme prévu, la Première ministre sortante, la sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt, a remis la démission de son gouvernement à la reine Margrethe II vendredi à la mi-journée.
Avec 26,3% des suffrages, son parti devient le premier du pays, sans toutefois pouvoir prétendre à gouverner. Il est talonné par le Parti populaire (DF), qui a créé la surprise en rassemblant 21,1% des voix et en arrivant devant le parti traditionnel de droite Venstre (19,5%).
"Venstre n'a pas fait l'élection dont nous rêvions, mais nous avons l'opportunité de diriger un gouvernement qui peut travailler à la reprise économique", a déclaré vendredi le chef de file du Vesntre, Lars Lokke Rasmusse qui, selon tous les commentateurs, devrait être chargé par le reine de former le prochain gouvernement.
"De difficiles négociations nous attendent", a-t-il néanmoins ajouté, dans son message posté sur sa page Facebook.
Le président de DF, Kristian Thulesen Dahl, qui a déjà fait savoir qu'il n'était pas candidat au poste de Premier ministre, a en effet maintes fois répété au cours de la campagne qu'il n'entrerait au gouvernement qu'à condition d'en influencer la politique.
A 51 ans, M. Rasmussen se retrouve "avec le pire point de départ imaginable" pour bâtir une coalition puisqu'il mènera en position de faiblesse des discussions entre des partis "qui sur le papier semblent incompatibles", soulignait vendredi le journal de gauche Information.
- 'Qu'il nous demande à chaque fois' -
En outre, le bloc de droite (Venstre, DF, Alliance libérale et conservateurs) ne devance que d'un cheveu ses rivaux de gauche (90 sièges contre 89), ce qui fragilise encore sa position.
Selon les analystes, le DF pourrait choisir de rester en dehors du gouvernement et négocier au coup par coup son soutien au Premier ministre, ce qui soulignerait d'autant son importance.
"Le leader du DF a clairement dit qu'il choisirait la solution qui lui apporterait le plus d'influence. Et il a réussi à en convaincre ses sympathisants", a relevé pour l'AFP Peter Nedergaard, professeur de sciences politiques à l'Université de Copenhague.
Que Lars Lokke Rasmussen constitue un gouvernement "et qu'il nous demande à chaque fois s'il peut faire quelque chose () me paraît le plus attirant", a d'ailleurs affirmé à la télévision publique l'un des responsables de DF, Morten Messerschmidt.
Les deux petits partis de droite, l'Alliance libérale et les conservateurs, n'ayant pas confirmé leur volonté d'entrer au gouvernement, Venstre pourrait donc s'y retrouver seul et négocier sur chaque dossier avec ses alliés au Parlement, et parfois avec les partis du bloc de gauche.
Ce ne serait pas une première, puisque les gouvernements au Danemark sont en général minoritaires.
Entre 2001 et 2011, le DF avait déjà soutenu les gouvernements de droite minoritaires successifs en échange de l'adoption de mesures draconiennes en matière d'immigration.
"Il n'y a pas eu de problèmes () DF n'a jamais tenté de saper le gouvernement" à l'époque, a rappelé le politologue Peter Nedergaard.
Les négociations en vue de constituer un gouvernement pourraient être longues. En 2011, lorsque le bloc de gauche avait remporté les législatives, elles avaient pris trois semaines.
En Scandinavie, le succès des populistes danois a été salué par le parti eurosceptique des Vrais Finlandais, arrivé deuxième aux législatives en avril en Finlande. "Les Vrais Finlandais ne sont plus seuls dans les pays nordiques", s'est félicité le chef du parti, le ministre des Affaires étrangères Timo Doini.
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