Fini le temps des polémiques sur l'absence des dirigeants français et des célébrations oecuméniques du bicentenaire: les armes vont à nouveau parler, vendredi et samedi soirs, sur la plaine de Waterloo, pour les plus grandes reconstitutions jamais organisées de la bataille qui a scellé le sort de Napoléon.
Installés depuis plusieurs jours dans des bivouacs plantés aux abords du champ de bataille où s'est déroulé, le 18 juin 1815, l'une des plus importantes confrontations armées de l'histoire, près de 6.000 "reconstitueurs" venus de 52 pays sont sur le pied de guerre.
Côté français, l'empereur Napoléon, joué par l'avocat parisien Frank Samson, a retrouvé son quartier général de la ferme du Caillou, entouré de son état-major et de sa Vieille Garde.
L'infanterie et l'artillerie de la Grande armée, composées de passionnés d'histoire, ont pris leurs quartiers en contrebas. Les hommes ont confiance en la bonne étoile de celui qui les a guidés pendant vingt années de victoires, de Iéna à Austerlitz.
Les troupes anglo-néerlandaises du duc de Wellington ont à nouveau dressé leurs petites tentes blanches, parfaitement alignées, dans les jardins de la ferme-château d'Hougoumont, comme il y a 200 ans.
En début de soirée, tous seront en position sur la plaine légèrement vallonnée de Mont-Saint-Jean. Les Anglais sur les hauteurs ou cachés derrière une crête, alors que les Français viendront du bas Une disposition qui devrait à nouveau être fatale aux troupes de l'armée impériale.
Seule entorse à l'histoire: alors que Bonaparte avait lancé les hostilités en fin de matinée, les deux reconstitutions, vendredi et samedi, devaient débuter sur le coup de 20H00 (18H00 GMT), afin de pouvoir accueillir quelque 60.000 spectateurs par soir.
Les 120.000 billets ont été vendus depuis longtemps, mais le spectacle est retransmis en direct sur le site www.waterloo2015-live.org.
- La garde meurt mais ne se rend pas -
Dans la première représentation, intitulée "L'attaque française", l'armée de Napoléon charge l'arme au bras vers la crête britannique, aux cris de "Vive l'Empereur!". Au sommet, pour cacher les troupes britanniques embusquées, les Hollando-Belges engagent le combat avec les Français. S'ensuit une mêlée effroyable avant que les Anglais ne se lèvent et fusillent la Garde impériale à bout portant. A la fin du spectacle, l'issue de la bataille est toujours incertaine
Il faudra donc revenir samedi soir pour connaître le dénouement de la "Riposte alliée". La bataille se concentre alors sur la ferme d'Hougoumont, fortifiée par les Britanniques. Les combats s'engagent sous les ébranlements de l'artillerie et tournent au carnage. Morts et blessés se comptent par milliers. Sous le feu anglais, échouant dans une ultime attaque, la Garde "meurt mais ne se rend pas". Napoléon s'enfuit à Paris tandis que ses vainqueurs, l'Anglais Wellington et le Prussien Blücher, se rejoignent pour fêter la victoire à la ferme de la Belle Alliance.
Ces spectacles font suite à une commémoration solennelle présidée jeudi, 200 ans jour pour jour après la bataille, par le roi des Belges Philippe et placée sous le signe de la réconciliation et de la concorde.
Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander, dont l'ancêtre le prince d'Orange a été blessé à Waterloo, Arthur Wellesley, fils du 9e duc de Wellington, le prince Nikolaus Blücher von Wahlstatt, dont l'aïeul commandait les troupes prussiennes, et le prince Jean-Christophe Napoléon Bonaparte, actuel prétendant au titre impérial, ont affirmé ensemble que "les bienfaits de la paix sont plus créatifs que la guerre".
Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel étaient représentés par leurs ambassadeurs respectifs.
"On nous reproche de ne pas y être, le président de la République et moi", pour "pleurer de nos larmes ce moment redoutable que vécut notre pays", a ironisé jeudi le Premier ministre français, Manuel Valls.
"La France nous montre encore une fois son incapacité chronique à assumer son histoire (Algérie, Vichy), elle qui aime tant à rappeler sa grandeur passée", a jugé vendredi dans un éditorial cinglant le quotidien belge Le Soir.
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