La réunion des ministres des Finances de la zone euro consacrée à la Grèce s'est terminée sur un échec jeudi soir à Luxembourg, et "aucune décision" n'a été prise, rapprochant encore un peu plus Athènes du défaut de paiement, avec une date-couperet dans moins de deux semaines.
"Aucun accord. Signal fort envoyé à la Grèce de s'engager sérieusement dans les négociations. L'Eurogroupe reste prêt à se réunir à tout moment", a affirmé sur son compte Twitter Valdis Dombrovkis, le vice-président de la Commission européenne chargé de l'Euro.
La réunion aura duré quatre heures en tout, dont seulement une heure et demie consacrée à la crise grecque. "Fin de mon premier Eurogroupe. Intéressant en effet", a indiqué sur son compte Twitter Alex Stubb, le ministre finlandais des Finances.
La réunion a été qualifiée de "tragique" par une source européenne au fait des discussions. "Il n'y a même pas eu de demande pour prolonger le programme" d'assistance financière en cours, dont bénéficie Athènes depuis 2012, a insisté cette source.
Si aucune percée n'était attendue, les créanciers, UE et FMI, espéraient avancer dans les négociations difficiles sur la poursuite du financement d'Athènes.
La patronne du FMI, Christine Lagarde, avait averti plus tôt dans la journée que la Grèce ne pourrait pas différer le remboursement attendu à la fin du mois, sous peine de faire face à un défaut de paiement. Dans pareil cas, la Banque centrale européenne pourrait ne plus maintenir le financement d'urgence des banques grecques, aggravant la situation du pays.
"J?ai une échéance le 30 juin. Il n?y a pas une période de grâce. Si le 1er juillet, ce n?est pas payé, ce n'est pas payé", a déclaré la directrice générale du fonds, avant la réunion de la zone euro.
Le sort de la Grèce dépend d'un accord sur les économies budgétaires à réaliser et les réformes à mettre en place, mais les discussions sont dans l'impasse depuis presque cinq mois.
Athènes doit rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin. Or les caisses sont vides, ce qui rend impératif le versement au pays des 7,2 milliards d'euros promis par ses créanciers et en suspens depuis des mois.
Cette somme ne sera plus disponible après le 30 juin, a averti le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, à son arrivée à Luxembourg.
- Plan B -
Certains ministres, comme M. Stubb et l'Irlandais Michael Noonan, avaient même indiqué qu'ils commençaient à se préparer au "plan B" d'un défaut grec.
Dès avant la réunion, le ton était sombre parmi les ministres. M. Dijsselbloem s'était même dit "très pessimiste" sur la possibilité d'un accord. Les ministres avaient exhorté la Grèce à présenter des propositions concrètes. "La réunion commence, il nous faut des propositions, sinon de quoi allons nous parler ?", avait déclaré, ironique, l'Allemand Wolfgang Schäuble.
Mais côté grec, le ministre des Finances Yanis Varoufakis avait seulement parlé de présenter "les idées du gouvernement".
Si Athènes et ses bailleurs de fonds sont d'accord sur l'ampleur de l'effort budgétaire à faire dans les années qui viennent, ils se disputent sur les moyens d'y parvenir même s'il n'y pas de "différences monstrueuses", selon les termes du Français Michel Sapin.
Un des principaux points d'achoppement est la question des retraites. Sur ce point, le FMI avait tendu la main jeudi à la partie grecque avant la réunion, en se disant prêt "à la discussion".
Mais pour cela la Grèce doit "s'atteler de manière décidée" aux réformes promises à ses partenaires, avait averti à Berlin la chancelière Angela Merkel, alors qu'Athènes et ses créanciers ne cessent de se renvoyer la balle pour expliquer le blocage des négociations.
La dernière occasion de trouver une solution pourrait être un sommet européen comme le réclame Athènes, jugeant que son avenir doit être décidé au plus haut niveau politique. Il devrait dans tous les cas avoir lieu dans les dix jours, a estimé une source proche des négociations, et pourrait avoir lieu dans le cadre d'une réunion prévue de longue date à Bruxelles, les 25 et 26 juin.
Les Européens redoutent que la Russie ne tire profit de ce bras de fer interne. Accompagné d'une cohorte de ministres, le Premier ministre grec Alexis Tsipras était jeudi à Saint-Pétersbourg, où se tient un forum économique international. Il doit rencontrer vendredi le président Vladimir Poutine.
L'enjeu officiel est la possible participation de la Grèce au projet de gazoduc Turkish Stream du géant russe Gazprom. Un sujet sur lequel Washington a déjà explicitement manifesté sa désapprobation.
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