La cour d'assises de Saône-et-Loire a reconnu jeudi Jean-Pierre Mura coupable du meurtre en 1986 au Creusot de Christelle Maillery, une des "disparues de l'A6", le condamnant à 20 ans de réclusion.
La cour a retenu l'altération du discernement du meurtrier au moment des faits, ce qui ramenait la peine maximale encourue à 20 ans.
Impassible dans le box à l'énoncé du verdict, Jean-Pierre Mura, 47 ans, avait nié les faits tout au long du procès.
Son avocat, Me Michel Grebot, qui a dit "respecter" cette décision, a toutefois annoncé "inscrire un appel dès demain matin".
Son frère, Joseph Mura, a affirmé devant la presse que Jean-Pierre était "absolument innocent". "Mon frère est coupable d'être malade, c'est tout", a-t-il dit, ému, "ça m'a scié le coeur".
Le 18 décembre 1986, le corps de Christelle Maillery, collégienne de 16 ans, avait été retrouvé peu après sa disparition dans une cave de sa résidence, lardé de 31 coups de couteau.
C'est le premier d'une série de meurtres dans les années 1980 et 1990, toujours non élucidés pour certains, de jeunes filles, appelées les "disparues de l'A6".
La mère de Christelle, Marie Pichon a dit éprouver du "soulagement", même si elle "attendait la vérité à la barre".
"L'après, c'est continuer (le combat) avec l'association" Christelle, qui regroupe des familles des disparues, a-t-elle ajouté. Une autre affaire, celle du meurtre de Christelle Blétry, tuée de 123 coups de couteau en 1996 à Blanzy (Saône-et-Loire), dont le meurtrier a été interpellé en septembre dernier grâce à une trace ADN, doit prochainement arriver devant les assises.
L'un des avocats de la famille, Me Didier Seban a estimé de son côté que "même trente après, ce n'est jamais perdu", ce dont il s'est fait une spécialité avec sa consoeur, Me Corinne Herrmann.
Dans l'affaire Christelle Maillery, l'enquête avait piétiné pendant une quinzaine d'années, le procès révélant certaines faiblesses au moment des premières investigations. Un non-lieu avait été prononcé en 1990.
Le rapport en 2003 d'un détective privé, mandaté par l'association des familles, où était notamment évoquée la piste de Jean-Pierre Mura, reconnu comme schizophrène, avait permis la réouverture du dossier.
- 'Les indices convergent tous' -
Pour l'avocat général, Christophe Rode, qui avait requis dans la matinée une peine de vingt ans de réclusion, "les indices convergent tous vers M. Mura".
Le quadragénaire, qui collectionnait les couteaux, nourrissait une obsession pour le meurtre de Christelle, au point de tenir des carnets - détruits depuis - dans lesquels il compilait des éléments sur l'affaire.
Il s'était également accusé du meurtre auprès de l'ancien petit-ami de la victime, lui proposant de l'argent à titre de dédommagement. Mais depuis, le quadragénaire a réfuté ces propos.
A l'appui de l'accusation également, M. Mura fréquentait régulièrement dans les années 1980 l'immeuble où vivait la famille Maillery pour rendre visite à ses amis.
Le mobile reste toutefois inconnu à l'issue du procès.
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