Européens et FMI attendaient de pied ferme jeudi que la Grèce fasse un pas dans leur direction et présente un plan "crédible" pour éviter un défaut de paiement qui se rapproche dangereusement, avec une date-couperet dans moins de deux semaines.
La patronne du FMI, Christine Lagarde, a averti qu'Athènes ne pourrait pas différer le remboursement attendu à la fin du mois, sous peine de faire face à un défaut de paiement. Dans pareil cas, la Banque centrale européenne pourrait ne plus maintenir le financement d'urgence des banques grecques, aggravant la situation du pays.
"J?ai une échéance le 30 juin. Il n?y a pas une période de grâce. Si le 1er juillet, ce n?est pas payé, ce n'est pas payé", a déclaré la directrice générale du fonds lors d'une conférence de presse à Luxembourg, avant une réunion de la zone euro.
"Il n'y a pas de délai de grâce d'un mois ou deux, comme je l'ai entendu", a-t-elle insisté. L'idée circulait que l'institution de Washington ne prendrait pas acte tout de suite d'un éventuel retard de la Grèce à payer, lui donnant ainsi un peu plus de temps.
Le sort de la Grèce dépend d'un accord sur les économies budgétaires à réaliser et les réformes à mettre en place.
Athènes doit rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin. Or les caisses sont vides, ce qui rend impératif le versement au pays des 7,2 milliards d'euros promis par ses créanciers, UE et FMI, et en suspens depuis des mois.
Cette somme ne sera plus disponible après le 30 juin, a averti le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, à son arrivée à Luxembourg. En conséquence, le "prochain pas en vue d'un accord viable et crédible doit venir de la partie grecque", a-t-il déclaré, tout en se disant "très pessimiste" sur un accord dès jeudi.
"La réunion commence, il nous faut des propositions, sinon de quoi allons nous parler ?", a renchéri, ironique, l'Allemand Wolfgang Schäuble.
Mais côté grec, il est uniquement question de présenter "les idées du gouvernement". "L'objectif est de remplacer une discorde coûteuse par un consensus efficace", a lancé, sibyllin, le ministre des Finances, Yanis Varoufakis.
Si Athènes et ses bailleurs de fonds sont d'accord désormais sur l'ampleur de l'effort budgétaire à faire dans les années qui viennent, ils se disputent sur les moyens d'y parvenir même s'il n'y pas de "différences monstrueuses", selon les termes du Français Michel Sapin. Un des principaux points d'achoppement est la question des retraites. Sur ce point, le FMI s'est dit prêt jeudi "à la discussion", même si "le régime des retraites (doit être) réformé".
"Le FMI doit être crédible mais ça ne nous empêche pas, en étant crédible, d?être aussi flexible", a insisté Mme Lagarde, tendant la main à la partie grecque.
- S'atteler de manière décidée aux réformes -
Berlin a voulu redonner un signe d'espoir jeudi dans les négociations, estimant qu'un accord pouvait encore être atteint. "Je reste persuadée que +quand on veut, on peut+", a lancé la chancelière allemande Angela Merkel devant les députés allemands.
"Si les responsables grecs ont cette volonté, un accord reste possible". Mais pour cela la Grèce doit "s'atteler de manière décidée" aux réformes promises à ses partenaires, a-t-elle insisté, alors qu'Athènes et ses créanciers ne cessent de se renvoyer la balle pour expliquer le blocage, depuis des mois, des négociations.
La dernière occasion de trouver une solution pourrait être un sommet européen comme le réclame Athènes, jugeant que son avenir doit être décidé au plus haut niveau politique. Il devrait dans tous les cas avoir lieu dans les dix jours, a estimé une source proche des négociations, et pourrait avoir lieu dans le cadre d'une réunion prévue de longue date à Bruxelles, les 25 et 26 juin.
Les Européens redoutent que la Russie ne tire profit de ce bras de fer interne. Accompagné d'une cohorte de ministres, le Premier ministre grec Alexis Tsipras était jeudi à Saint-Pétersbourg, où se tient un forum économique international. Il doit rencontrer vendredi le président Vladimir Poutine.
L'enjeu officiel est la possible participation de la Grèce au projet de gazoduc Turkish Stream du géant russe Gazprom. Un sujet sur lequel Washington a déjà explicitement manifesté sa désapprobation.
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