Deux cents ans après s'être entretués dans une effroyable boucherie sur le champ de bataille, les Européens se retrouvaient jeudi à Waterloo, près de Bruxelles, cette fois dans le but d'afficher leur unité même si la France et l'Allemagne ont préféré s'abstenir de dépêcher leurs dirigeants.
La Belgique, qui fut pendant des siècles le champ de bataille des puissances européennes, a voulu à l'occasion de ce bicentenaire "adresser un message de réconciliation et d'union" en Europe.
En fin de matinée, au moment où Napoléon lançait les hostilités le 18 juin 1815 contre les armées anglo-hollandaises du duc de Wellington, le roi des Belges Philippe devait présider une cérémonie internationale au pied de la célèbre "butte du lion" érigée en 1826.
Comme il y a 200 ans, il a plu durant la nuit précédente, et le ciel était couvert pour cette cérémonie diffusée en direct à la télévision belge.
Les couples royaux des Pays-Bas et du Luxembourg et le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans ont fait le déplacement, mais pas le président français François Hollande ni la chancelière allemande Angela Merkel, représentés par leurs ambassadeurs respectifs.
"L'histoire est derrière nous. Et puis, ce n'est pas comme une victoire", a reconnu le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sur BFMTV. M. Hollande doit présider ce jeudi une cérémonie en mémoire du célèbre appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, a-t-il fait valoir.
La bataille de Waterloo s'est déroulée après le retour de Napoléon, déclaré hors-la-loi par les puissances continentales au Congrès de Vienne, de son exil sur l'île d'Elbe, au printemps 1815.
Reconstituée en quelques semaines, l'armée française comptait lors de la campagne de Belgique plus de 93.000 hommes. Pendant une dizaine d'heures, elle a fait face aux forces alliées (britanniques, allemandes, belgo-hollandaises) de Wellington et prussiennes du maréchal Blücher, qui comptaient environ 125.000 hommes au total.
Longtemps indécise, la bataille, qui pour Bonaparte devait être "l'affaire d'un déjeuner", s'est achevée par la victoire des coalisés et la fuite à Paris de Napoléon. L'Empereur abdiquera le 22 juin et mourra prisonnier des Anglais le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène.
-'Boulimie de pouvoir'-
Mercredi, les descendants des chefs des trois armées --le duc de Wellington, homonyme de son célèbre ancêtre britannique, le prince Nikolaus Blücher von Wahlstatt et le prince Charles Bonaparte-- ont symboliquement scellé la réconciliation.
Ils se sont chaleureusement serré la main lors d'une cérémonie organisée à la ferme-château d'Hougoumont, l'un des hauts lieux de la bataille, qui a fait plus de 10.000 morts et plus de 35.000 blessés, sous les yeux du prince Charles d'Angleterre et de son épouse Camilla.
Charles Bonaparte a regretté l'absence des dirigeants français. "Il n'y a aucune de raison d'avoir honte de son histoire. Waterloo, c'est le début d'une légende, Napoléon est un personnage mondialement connu", a-t-il estimé.
Paris n'avait pas apprécié que la Belgique décide de frapper une pièce commémorative de la bataille.
Jeudi matin, M. Le Drian a décrit l'"itinéraire exceptionnel" de l'empereur et "un moment où la France a été très forte en Europe et très forte dans le monde". Mais il a aussi fait "le constat de certains échecs et puis de cette boulimie de pouvoir et d'extension, de dépassement des frontières".
Les plus éminents membres de la famille royale britannique seront également absents, retenus par une cérémonie d'hommage aux soldats morts à Waterloo célébrée dans la cathédrale Saint-Paul de Londres. La couronne d'Angleterre a délégué le prince Edward, duc de Kent.
Les grands événements organisés de jeudi à samedi, pour lesquels 180.000 billets ont été rapidement vendus, devraient attirer les regards du monde entier vers Waterloo.
Jeudi soir, un spectacle sons et lumières inspiré du poème "L'expiation" de Victor Hugo est organisé. Vendredi et samedi soir, plus de 5.000 figurants en costumes, 360 chevaux et une centaine de canons rejoueront les moments clés de la bataille.
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