Le pape François devait appeler jeudi les acteurs mondiaux à s'entendre pour sauver la planète du réchauffement, dans une encyclique sur l'environnement où il s'en prend violemment aux apprentis sorciers de la technologie et de la finance.
Selon des fuites de ce document très attendu, le pape, qui n'évoque pas nommément la conférence internationale sur l'environnement prévue en décembre à Paris, appelle clairement les Etats à prendre leurs responsabilités pour de "nouveaux modes de production, de distribution et de consommation".
Cette encyclique (lettre) de près de 200 pages est la première entièrement de la main de François.
Son titre, "Laudato si'" ("Sois-loué"), est inspiré d'un cantique de son modèle, François d'Assise, qui loue Dieu dans "notre mère la terre". Des centaines d'experts ont été consultés depuis deux ans pour sa rédaction.
Elle se veut adressée à "tous" et pas seulement au 1,2 milliard de catholiques.
Le pape devrait susciter beaucoup de mécontentements dans les milieux de la droite libérale, notamment américaine, car il s'en prend de manière virulente au pouvoir de la finance, selon ces fuites.
Son autre "mouton" noir est l'excès de pouvoir de la technologie, à laquelle il regrette que les responsables se soumettent, et qui ne respecterait pas la création et l'équilibre de l'homme.
Des représentants du Parti républicain, dont le possible futur candidat à la Maison Blanche, Jeb Bush, ont déjà réagi avec humeur, affirmant n'avoir pas à prendre leurs ordres auprès du pape, selon des médias italiens et américains.
Le pape argentin, qui se montre socialement très radical, juge que, dans la transition énergétique nécessaire --du gaz, du pétrole et du charbon vers les énergies renouvelables--, les Etats riches vont devoir consentir plus d'engagements et de sacrifices financiers que les pauvres.
Dans un portrait très pessimiste de "notre maison commune", il prend position contre les "climato-sceptiques", en estimant que l'homme est largement responsable du réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité.
Mais il assure aussi qu'il est encore temps d'agir pour inverser la course à la destruction.
Dans ce plaidoyer vibrant pour les pauvres et contre le consumérisme effréné des classes et des pays les plus riches, il avertit aussi du danger imminent de larges destructions et de guerres, notamment autour de l'eau.
Le pape François vante un modèle de développement sobre et appelle les dirigeants de la planète à avoir le courage de le promouvoir.
- "Le désordre me plaît" -
"Tu sais que le désordre me plaît", a-t-il confié à un de de ses proches, selon le quotidien Repubblica, alors que le Vatican est dans tous ses états après la rupture par un hebdomadaire, l'Espresso, de l'embargo, fixé à jeudi 10H00 GMT.
L'Espresso avait publié lundi sur son site une version provisoire de l'encyclique.
"Cette encyclique aura un impact majeur: François est directement impliqué comme aucun pape avant lui. Il est animé d'une profonde passion, que cette encyclique communiquera", a affirmé mardi Christiana Figueres, présidente de la convention cadre de l'ONU sur le changement climatique (UNFCCC).
Le 12 mai, le pape François avait déjà averti les "puissants" qu'ils seraient "jugés par Dieu" s'ils ne respectaient pas l'environnement.
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