Deux cents ans après s'être entretués dans une effroyable boucherie sur le champ de bataille, les Européens se retrouvent à Waterloo, au sud de Bruxelles, cette fois pour affirmer leur unité, en marge de festivités qui s'annoncent grandioses.
Les descendants des chefs des armées française, anglaise et allemande ont donné le ton mercredi en scellant leur réconciliation lors d'une cérémonie organisée à la ferme-château d'Hougoumont, l'un des hauts lieux de la bataille, qui a fait plus de 10.000 morts et plus de 35.000 blessés.
Le duc de Wellington, homonyme de son ancêtre britannique --le vainqueur de cette bataille historique--, le prince Nikolaus Blücher von Wahlstatt, descendant du maréchal prussien dont la détermination permit aux Alliés de finalement l'emporter, et le prince Charles Bonaparte, qui ne s'étaient jamais rencontrés, ont échangé une chaleureuse poignée de mains sous les yeux du prince Charles d'Angleterre et de son épouse Camilla.
La Belgique, qui fut pendant des siècles le champ de bataille des puissances européennes, a voulu faire de ce bicentenaire "l'occasion d'adresser un message de réconciliation et d'union", selon les services du Premier ministre belge, Charles Michel.
A 11H00 (09H00 GMT), au moment même où Napoléon lançait les hostilités le 18 juin 1815 contre les armées anglo-hollandaises de Wellington, le roi des Belges Philippe présidera une cérémonie internationale au pied de la célèbre "butte du lion" érigée en 1826 sur le champ de bataille.
Les couples royaux des Pays-Bas et du Luxembourg et le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans feront le déplacement.
Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel seront en revanche représentés par leurs ambassadeur respectifs.
"C'est dommage", a jugé mercredi Charles Bonaparte. "Il n'y a aucune de raison d'avoir honte de son histoire. Waterloo, c'est le début d'une légende, Napoléon est un personnage mondialement connu", a estimé le descendant du frère de l'Empereur, Jérôme Bonaparte, qui s'était battu à Waterloo.
Paris, qui n'avait pas apprécié que la Belgique décide de frapper une pièce commémorative de la bataille, a justifié ce choix par un "agenda commémoratif chargé".
- Bonaparte hors-la-loi -
Les plus éminents membres de la famille royale britannique seront également absents, retenus par une cérémonie d'hommage aux soldats morts à Waterloo célébrée dans la cathédrale Saint-Paul de Londres. La couronne d'Angleterre a délégué le prince Edward, duc de Kent.
Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas, dont l'ancêtre, le prince Guillaume d'Orange, a été blessé à Waterloo, se joindra aux autres descendants des principaux belligérants pour une nouvelle poignée de main symbolique.
Mais ce sont les grands événements organisés de jeudi à samedi, pour lesquels l'ensemble des 180.000 billets ont été rapidement vendus, qui devraient attirer les regards du monde entier vers Waterloo, dont le nom se confond parfois avec une gare londonienne ou un tube d'Abba.
Jeudi, à partir de 22H45 (20H45 GMT), le spectacle sons et lumières "Inferno", inspiré du poème "L'expiation" de Victor Hugo, promet un festival de pyrotechnie.
Vendredi et samedi soir, plus de 5.000 figurants en costumes, 360 chevaux et une centaine de canons rejoueront les moments clés de la bataille: les charges héroïques de la cavalerie lourde du maréchal Ney, la riposte impitoyable des batteries de Wellington et l'arrivée, en fin de journée, des renforts prussiens commandés par Blücher, qui a scellé le sort des Français.
La bataille de Waterloo s'est déroulée après le retour de Napoléon, déclaré hors-la-loi par les puissances continentales au Congrès de Vienne, de son exil sur l'île d'Elbe, au printemps 1815.
Reconstituée en quelques semaines, l'armée française comptait lors de la campagne de Belgique plus de 93.000 hommes. Pendant une dizaine d'heures, elle a fait face aux forces alliées (britanniques, allemandes, belgo-hollandaises) du duc de Wellington et prussiennes du maréchal Blücher, qui comptaient environ 125.000 hommes au total.
Longtemps indécise, la bataille, qui pour Bonaparte devait être "l'affaire d'un déjeuner", s'est achevée par la victoire des coalisés et la fuite à Paris de Napoléon. L'Empereur abdiquera le 22 juin et mourra prisonnier des Anglais le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène, un îlot de l'Atlantique sud.
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