Le ramadan, le mois sacré de l'islam, a commencé jeudi à l'aube en France, où il s'annonce particulièrement éprouvant pour les travailleurs et les candidats au bac, avec les journées de jeûne les plus longues depuis une trentaine d'années.
Durant le 9e mois du calendrier lunaire hégirien, les musulmans sont invités à s'abstenir de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles, des premières lueurs de l'aube - dès que l'on peut "distinguer un fil blanc d'un fil noir", prescrit le Coran, soit bien avant le lever du soleil - jusqu'à son coucher.
Autrement dit le jeûne sera de plus de 18 heures, dès 3h50 environ et jusqu'à presque 22h00, dans les premiers jours de ce mois sacré qui rappelle celui durant lequel le Coran a été révélé au prophète Mahomet, selon la tradition.
La première semaine du ramadan, cette année, sonnera aussi le début de l'été, avec les jours les plus longs et un risque de températures élevées.
Or le jeûne du ramadan, quatrième pilier de l'islam, s'impose à tout musulman pubère. En France, où vit la première communauté musulmane d'Europe avec cinq millions de membres (pratiquants ou non), c'est d'ailleurs un rite culturel autant que cultuel massivement suivi, avec plus de 70%, voire 80% de jeûneurs, selon les études.
Des dispenses appelant des compensations - par un jeûne différé - sont prévues pour les voyageurs, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes ou venant d'accoucher. Mais théoriquement ni pour les travailleurs ni pour les candidats à des examens
"Passer un examen n'est pas considéré comme une raison valable d'abandon du jeûne", selon Anouar Kbibech, prochain président du Conseil français du culte musulman (CFCM). "Il peut cependant y avoir des situations où la personne n'arrive pas à assumer le jeûne. A l'impossible nul n'est tenu", ajoute-t-il, comme en écho à un passage du Coran ("Dieu veut pour vous la facilité et non la difficulté").
Pour le musulman orthodoxe Fateh Kimouche, blogueur influent sous le nom d'Al Kanz, "le problème ce n'est pas le ramadan, c'est soi-même. C'est sûr que le jeûne est plus facile à supporter si on ne fait pas d'orgie le soir", lors du repas de l'iftar, glisse-t-il. "Beaucoup se sentent plus léger, se sentent mieux lors du ramadan", assure-t-il en vantant ses vertus d'"ascèse spirituelle" et de "thérapie corporelle".
- "Unité retrouvée" -
La durée du jeûne et la chaleur pourraient toutefois éprouver durement les organismes cette année. En prévision, le président sortant du CFCM, Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris, a appelé à la "bienveillance" les employeurs de salariés de confession musulmane, tout en assurant qu'"aucune entreprise ne sera gênée par le ramadan".
Fait notable cette année, les fidèles de la deuxième religion de France entament ce mois sacré dans l'unité, puisque les partisans de l'observation lunaire - l'islam institutionnel algéro-marocain qui tient le CFCM, mais aussi les courants fondamentalistes salafistes - ont fait mardi dernier le même choix de date d'entrée dans le ramadan que les adeptes de la détermination à l'avance du calendrier par le calcul astronomique.
Ces derniers - l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) issue des Frères musulmans, ainsi que les fédérations liées à la Turquie - avaient fixé de longue date au 18 juin le début du ramadan 2015, qui devrait prendre fin autour du 17 juillet. Le ramadan s'achève par l'Aïd el-Fitr, la "fête de la rupture du jeûne", l'une des deux grandes fêtes de l'islam, qui tombe le premier jour du mois suivant, dit de "chawwal".
"On ne peut que se réjouir de l'unité retrouvée des musulmans de France pour débuter ce mois de jeûne béni", a commenté Anouar Kbibech, soulignant que ceux qui dissertent sur la division de l'islam de France "en seront pour leurs frais".
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