Pas question que le "mouvement faiblisse": l'intersyndicale de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris appelle à une nouvelle journée de grève jeudi pour contester le projet de réforme des 35 heures du directeur général Martin Hirsch, malgré ses tentatives pour renouer le dialogue.
Pour cette quatrième journée de mobilisation en moins d'un mois, les personnels sont invités à se rassembler à 11 heures devant le siège de l'AP-HP, avenue Victoria, dans le quatrième arrondissement de Paris, à l'appel des organisations CGT, SUD, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC et Unsa.
Quelle que soit l'ampleur de la grève, le fonctionnement des hôpitaux sera "peu perturbé", indiquait-on mercredi soir à l?AP-HP.
"Il y a une colère qui est persistante" et des "demandes d'actions fortes" de la part de personnels "exaspérés", explique Rose May Rousseau (CGT).
"Monsieur Hirsch n'a pas réalisé la boîte de Pandore qu'il ouvrait" avec les 35 heures, raille Olivier Youinou (SUD Santé).
Pour Martin Hirsch, le réaménagement des horaires des 75.000 agents (hors médecins) des 38 hôpitaux de l'institution devait permettre d'économiser entre 20 et 30 millions d'euros, tout en préservant 4.000 emplois sur 4 ans.
Mais les discussions, que la direction souhaitait initialement conclure le 18 juin, se sont très vite retrouvées dans l'impasse, les syndicats refusant de négocier un plan d'économies "sur le dos des personnels".
Actuellement, plus de 60% des agents travaillent 7 heures 36 (38 heures/semaine) ou 7 heures 50 (39 heures 10) quotidiennes et disposent de 18 à 20 jours de RTT annuels, auxquels s'ajoutent des journées propres à l'AP-HP.
La direction, qui a promis de ne pas descendre en dessous de 15 RTT par agent, propose d'expérimenter un schéma en 7H30, au grand dam des syndicats.
"En enlevant six minutes, il prend cinq jours de congés aux personnels en 7h36, neuf à ceux qui travaillent en 7h50", dénonce Olivier Youinou, tandis que "les soignants font trente minutes de bénévolat par jour", selon Thierry Amouroux, de la CFE-CGC.
- "Vraie réduction du temps de travail" -
"Prêts à négocier sur la base de (leurs) propres revendications", les syndicats réclament une "vraie réduction du temps de travail" et des embauches supplémentaires, notamment pour les 10.000 contractuels de l'AP-HP.
Ils se disent en outre échaudés par l'envoi d'huissiers dans les hôpitaux lors des assemblées générales, et surtout par "les méthodes" de Martin Hirsch, directeur à "double face" qui "communique par voie de presse".
Au point de s'en remettre au gouvernement. Jeudi dernier, près de 15.000 agents selon les syndicats, entre 3.500 et 3.700 de source policière, ont ainsi défilé jusqu'aux abords de l'Elysée. Le taux de grévistes s'établissait lui à 21,5%, après respectivement 34% et 24,34% les 21 et 28 mai.
La direction a tenté à plusieurs de reprises de désamorcer le conflit, retirant le premier document servant de base aux négociations et garantissant des contreparties pour l'amélioration des conditions de travail.
Pour finalement, en fin de semaine dernière, leur proposer l'ouverture d'"espaces d'expression et de discussion, dans les pôles ou services volontaires" sur l'organisation et les conditions de travail afin de dresser "un état des lieux sur le terrain".
Mais cette "nouvelle approche" n'a pas convaincu les syndicats, qui voient dans ces expérimentations un moyen de passer en force durant l'été, en divisant les personnels.
Ils brandissent la menace d'une grève "d'ampleur nationale", la situation de l'AP-HP étant scrutée par les autres hôpitaux, même si près de la moitié ont déjà renégocié les 35 heures, selon la Fédération hospitalière de France.
De son côté, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, surveille le dossier de près, alors que trois fédérations syndicales du secteur, CGT, FO et SUD, appellent à une journée d'action le 25 juin contre les mesures d'économies - 3 milliards d'euros d'ici à 2017 - imposées à l'hôpital.
Dimanche, elle a renouvelé son soutien à Martin Hirsch, affirmant que le "statu quo" n'était "pas possible" à l'AP-HP et qu'il avait "raison" de vouloir avancer, tout en appelant au dialogue.
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