L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a montré du doigt mercredi des manquements dans la réaction de la Corée du Sud à l'épidémie de coronavirus Mers, apportant du grain à moudre à ceux qui critiquent dans ce pays la gestion de la crise par les autorités sanitaires.
Vingt personnes sont mortes et 162 personnes ont été contaminées par l'épidémie de coronavirus Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) en Corée du Sud depuis le diagnostic le 20 mai d'un patient qui rentrait d'un voyage en Arabie saoudite et dans d'autres pays du Golfe.
Il s'agit de l'épidémie la plus importante en dehors de l'Arabie saoudite, où plus de 950 personnes ont été contaminées depuis 2012 et 412 sont décédées.
L'OMS a appelé l'ensemble de la planète à faire preuve de vigilance, estimant que la situation en Corée du Sud devait servir de "signal d'alarme" alors que l?Allemagne vient d'annoncer le décès d'un de ses ressortissants des suites du virus Mers, le premier cas mortel en Europe depuis le début de l'année.
L'épidémie a "surpris tout le monde" en Corée du Sud, ce qui a contribué au "retard" à la réponse à l'épidémie, a déclaré Keiji Fukuda, directeur général adjoint de l'OMS pour la sécurité sanitaire.
L'OMS a cependant relevé "qu'après une période d'organisation", la Corée du Sud avait "fermement initié des actions pour mettre cette épidémie sous contrôle", ajoutant que la situation ne représentait pas "une urgence de santé publique de portée internationale".
M. Fukuda s'exprimait lors d'une conférence de presse à Genève l'issue d'une réunion du comité d'urgence de l'OMS consacrée au coronavirus.
L'OMS, qui vient de dépêcher une équipe en Corée du Sud, a cité en particulier le "manque de connaissances" des personnels de santé et du grand public sur le coronavirus Mers et "des insuffisances en matière de prévention des infections et de mesures de contrôle dans les hôpitaux".
-Salles d'urgences bondées-
Les experts ont aussi mis en exergue le fait que les patients infectés aient pu être en contact avec d'autres personnes dans "les salles d'urgences bondées et disposant de plusieurs lits".
En outre, ont-ils déploré, les familles des patients et leurs proches ont pu séjourner dans les chambres des hôpitaux, facilitant la propagation du coronavirus.
Cet avertissement survient au moment où Séoul, qui a annoncé mercredi le 20ème décès consécutif au coronavirus, celui d'une femme de 54 ans, fait face à des critiques grandissantes quant à sa capacité à contenir l'épidémie.
Les contempteurs de sa politique sanitaire estiment que rien n'a été fait pour améliorer les normes générales des sécurité depuis le naufrage du ferry Sewol, qui avait fait 304 morts en avril 2014.
La quasi totalité des contaminations se sont produites en milieu hospitalier. Mais des patients diagnostiqués ces derniers jours ne figuraient pas parmi les milliers de personnes placées en quarantaine et ont poursuivi leurs activités normales, ce qui accroît d'autant l'angoisse de la population.
Par exemple, un patient originaire de Daegu, dans le sud-est du pays, a commencé à présenter des symptômes samedi mais a continué à vaquer à ses occupations, se rendant au travail et aux bains publics.
La présidente Park Geun-Hye a souligné en début de semaine qu'il était vital "d'éviter la propagation d'une trop forte angoisse au sein de l'opinion publique" mais le Dong-A Ilbo, le plus grand quotidien conservateur de Séoul, a accusé le gouvernement d'avoir minimisé l'épidémie de manière "irréaliste".
"Toutes les paroles optimistes et prédictions des autorités sanitaires se sont révélées erronées pour l'instant", écrit le journal. "Nous nous demandons si (le ministre de la Santé) Moon Hyung-Pyo réussira jamais à contrôler la situation".
Dans les premiers temps, les autorités sud-coréennes avaient déjà été accusées d'avoir tardé à prendre des mesures pour identifier les porteurs potentiels après le diagnostic du premier infecté. Elles avaient également été critiquées pour n'avoir pas empêché un porteur probable de se rendre en Chine.
Il n'existe aucun vaccin pour le coronavirus Mers (acronyme anglais du Syndrome respiratoire du Moyen-Orient), qui présente un taux de mortalité d'environ 35%, selon l'OMS.
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