La Chine et l'Australie ont signé mercredi, au terme d'une décennie d'âpres négociations, un vaste accord de libre-échange portant notamment sur les secteurs clé des ressources minières, de l'agriculture et des investissements.
La conclusion de cet accord prévoyant l'abolition réciproque des droits de douane pour une myriade de services et de marchandises marque "un jour historique" pour les deux pays, s'est félicité le Premier ministre Tony Abbott. Il "garantit à nos nations un accès inédit à leurs marchés respectifs", a-t-il ajouté.
Le ministre australien du Commerce Andrew Robb et son homologue chinois Gao Hucheng ont solennellement ratifié le document au cours d'une cérémonie à Canberra.
Tony Abbott et le président Xi Jinping qui l'avaient annoncé en novembre dernier "attachaient beaucoup d'importance" à la conclusion des négociations. Celles-ci traînaient depuis dix ans, a rappelé Gao Hucheng, évoquant "un jalon dans les relations bilatérales".
La Chine est le premier partenaire commercial de l'Australie avec des échanges dépassant les 160 milliards de dollars australiens (110 milliards d'euros) par an, et est devenue l'an dernier le premier investisseur étranger dans le pays, devant les Etats-Unis.
Un tiers des exportations australiennes vont à la Chine, particulièrement friande de matières premières (charbon, minerai de fer), mais également de lait et de boeuf.
Au total, alors qu'ils sont aujourd'hui frappés de droits de douane allant jusqu'à 40%, l'accord prévoit que plus de 85% des biens exportés d'Australie vers la Chine en seront exemptés. Cela inclut la plupart des produits de l'industrie énergétique, le vin, la viande, le poisson et les produits laitiers dont la Chine est le premier importateur mondial.
L'industrie laitière, en concurrence avec les exportateurs néo-zélandais, est à la fête: les taxes à l'importation chinoises, qui pouvaient atteindre 20%, seront toutes supprimées d'ici à 11 ans. Les droits de douane sur le lait infantile disparaîtront d'ici quatre ans.
L'accord de libre-échange devrait également entraîner une forte hausse des exportations de b?uf vers la Chine. Les taxes, qui étaient entre 12 et 25%, seront supprimées d'ici à neuf ans. Celles sur le bétail sur pied qui étaient fixées à 10%, disparaîtront dans quatre ans.
Quelques secteurs ont cependant été laissés de côté, comme le sucre, le riz, le coton, le blé.
- 'Un jour funeste' -
En échange des concessions chinoises, l'Australie supprimera ses droits d'entrée de 5% sur l'électronique et l'électroménager et les investissements chinois seront facilités.
Les investisseurs privés pourront ainsi injecter jusqu'à un milliard de dollars australiens sans feu vert préalable du conseil de surveillance des investissements étrangers, avec quelques exceptions pour les terres agricoles et les entreprises agroalimentaires.
Cet accord est présenté par le gouvernement de Canberra comme une aubaine pour l'Australie qui pâtit d'un moindre appétit de la Chine pour ses matières premières et de la baisse des cours. L'agriculture, relativement délaissée pendant l'âge d'or minier, fait désormais partie des priorités.
Si de ce fait il réjouit le patronat qui y voit un net avantage concurrentiel face à l'Union européenne, les Etats-Unis et le Canada, l'accord inquiète les syndicats qui craignent un afflux de travailleurs chinois sous-payés pour les projets d'investissement de plus de 150 millions de dollars australiens.
"Cet accord est une honte", "un jour funeste" pour les travailleurs australiens, s'est indigné le secrétaire national du syndicat Electrical Trades Union qui fédère les salariés des sous-traitants du secteur de l'électricité et des télécommunications.
Les négociations sino-australiennes avaient commencé en 2005 mais s'étaient heurtées notamment aux exigences de Pékin qui voulait obtenir l'abolition des limitations imposées aux investissements émanant d'entreprises publiques. Des pourparlers de dernière minute avaient permis de débloquer la situation.
L'Australie a déjà signé des accords tarifaires avec le Japon et la Corée du Sud et s'intéresse désormais à l'Inde.
La signature avec le géant chinois "est en soi une avancée très importante et en additionnant les trois accords (Chine, Japon, Corée du Sud, NDLR), on obtient des accords commerciaux couvrant plus de 50% de nos marchés à l'export", a souligné Andrew Robb.
"Cela représente littéralement des milliards de dollars, des milliers, des centaines de milliers d'emplois", a-t-il ajouté.
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